Marie des Isles

Jolie fille, tu as de la chance !

Robert Gaillard était, dans les années 50 et 60, un des grands producteurs de sagas historico-érotiques, comme l’ont été, à peu près à la même époque (un peu auparavant), les récits du couple Golon (Anne et Serge), auteurs de la série des Angélique, marquise des anges. Mais il est certain que Marie des Isles n’a pas eu – et de loin – la même notoriété. Pour n’avoir pas lu les quatre volumes de Marie et seulement cinq ou six des treize (!!!!) d’Angélique, je ne puis dire si le fond romanesque est ici meilleur que là. Mais en tout cas le film – le seul – adapté de Gaillard par Georges Combret ne vaut pas tripette par rapport à la série illustrée par Bernard Borderie.

Si Michèle Mercier a été une lumineuse Angélique, ne pourrait-on pas dire que, pour incarner Marie, Belinda Lee était aussi séduisante et attirante ? Troublante et capiteuse, comme peuvent être les Anglaises quand le Bon Dieu a décidé qu’elles pouvaient être jolies (ce qui est rare et même inespéré), cette jeune actrice au physique somptueux a eu le malheur de mourir à l’âge tendre de 25 ans sur une route de Californie où elle roulait (sûrement trop vite) avec, entre autres, son compagnon de l’époque, le sulfureux Gualtiero Jacopetti, le créateur inspiré de la série des Mondo cane. Va savoir ce qui serait arrivé ensuite !

À dire vrai, je ne suis pas certain que l’actrice aurait pu se sortir des péplums et mythologies diverses dans quoi elle était un peu confinée et personne ne pourra jamais savoir de quoi elle aurait été capable. Peu importe, au demeurant. Et en tout cas, ce n’est pas la banalité de Marie des Islesqui pourra jamais nous éclairer là-dessus.Vaguement film de pirates, comme on en avait beaucoup tourné depuis vingt ans, un peu film exotique, avec les beaux paysages des Antilles, davantage film où deux amoureux, voués depuis leur première rencontre à s’aimer éternellement, rencontrent toutes les vicissitudes possibles avant, in fine, de se retrouver. La réalisation de Georges Combret est d’une sympathique banalité, seulement rehaussée par les corsages pigeonnants de Marie (Belinda Lee, donc) et de sa chambrière Julie (Magali Noël).

Le récit n’a pas un grand intérêt et poursuit un train-train classique durant son heure quarante réglementaire. Il y a des personnages bien clivés : les salauds traficoteurs, notamment le chevalier de Saint-André (Jacques Castelot, impeccable, comme toujours) qui a épousé Marie (un peu vendue par son père, à dire vrai) mais qui est impuissant et dont le mariage, de ce fait, sera annulé pour non-consommation après expertise médicale, ou Desmarais (Dario Moreno) traître plus vrai que nature.Et aussi, comme de juste les braves gens, ceux qui le sont d’origine, Jacques du Parquet (Alain Saury) dont Marie est tombée d’emblée follement amoureuse et ceux qui ont été rédimés (Folco Lulli), ancien bandit, devenu le plus fidèle des seconds et les utilités à bonne bouille, comme le P. jésuite Hampteau (Jean Tissier) ou le loyal flibustier Barracuda (Noël Roquevert).

Pour autant le film n’a d’autre intérêt que de montrer Belinda Lee, dont l’euphonie du nom demeure séduisante et la plastique sans défaut ; sinon ? on s’ennuie un peu. Mais pas vraiment beaucoup.

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