Men in black

120603 Les inconnus dans la maison.

Réjouissant film farfelu, drôle, enlevé où, pour une fois, les effets spéciaux ne prennent pas la main sur le rythme du récit et n’interviennent que pour porter les gags et les péripéties de l’histoire. Jubilatoire et complice, Men in black parvient, en s’en moquant, à donner corps à un des phantasmes les plus ancrés de l’Humanité, extrêmement à la mode aujourd’hui : celui qu’il y a une réalité dissimulée derrière la façade de la vie quotidienne, qu‘on ne nous dit pas tout, que les puissances nous cachent des choses et que nous ne sommes pas seuls dans l’Univers.

meninblackbemLa grande qualité du film est de prendre ces fantasmagories à la blague et de les traiter de façon… comment dire ?… routinière. Les hommes de l’ombre, qui ont abandonné toute vie privée, toute personnalité, toute identité sont délicieusement présentés comme des fonctionnaires souvent un peu las, quelquefois en fin de course, absolument jamais étonnés et moins encore exaltés par l’invraisemblable monde qu’ils approchent au quotidien. Que la Terre puisse être pulvérisée au bout d’un délai d’une heure si la galaxie subatomique tout entière enserrée dans le grelot qui pend au cou du chat Orion n’est pas sauvegardée paraît n’émouvoir pas plus que ça tout le monde : boulot fastidieux et dangereux à accomplir, mais boulot qu’il faut se taper sans rechigner.

2389Ce décalage permanent entre la banalité de l’enquête – visites domiciliaires, questionnements (quelquefois vigoureux) de témoins et d’indicateurs , exploration de fichiers – et l’objet même de l’enquête est ce qu’il y a de vraiment drôle et réussi dans le film ; on pourrait se croire quelquefois au Quai des Orfèvres de la grande époque, lorsque le Commissaire fait monter des bières et des jambon-beurre parce que la nuit va être longue et qu’on commence à bâiller. Et lorsque les vieilles connaissances des gardiens de l’ordre galactique se font pincer ou simplement interroger et révèlent leur vraie nature et leur véritable physionomie, c’est encore mieux. Scène absolument délicieuse de la naissance d’un poulpe extra-terrestre, les parents, sous apparence humaine, étant des gagne-petit un peu douteux mais simplement assignés à résidence. Et pendant que l’agent K (Tommy Lee Jones) ergote longuement avec le futur papa, comme le ferait un gardien de la paix qui vous aurait surpris à ne pas porter votre ceinture de sécurité, l’agent J (Will Smith) est happé par une forêt de tentacules qui le font virevolter jusqu’à l’accouchement où tout rentre dans les clous.

 D’ailleurs le comportement de l’agent K va tout à fait dans cette orientation : flic blasé, revenu de tout, rêvant à la famille qu’il aurait pu chérir, en ayant marre de sa solitude. Les héros sont fatigués, si l’on peut dire.

BN-FY349_mib_G_20141209215814Les chutes de rythme sont rares et quelques moments sont épatants, comme la cascade en voiture qui se met à rouler à toute vitesse mais accrochée au plafond, à l’envers, dans un tunnel autoroutier embouteillé ou les successives dégueulasses explosions de la Bestiole dans l’œsophage de qui l’agent K est allé rechercher son arme et qui couvre les agents spéciaux d’une sorte de mucus immonde.

Le duo de policiers, l’un flegmatique, l’autre exalté est très classique et n’a rien pour surprendre, mais il est si bien interprété qu’on en admet volontiers toutes les facilités.

Excellent film distrayant, sarcastique, amusant. Ce n’est pas si fréquent.

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