Slapstick !
En fait, O’ Brother, c’est une transposition de dessin animé, pleine d’invraisemblances, de folies, de gags absurdes et délicieux, de situations hystériques, de personnages ahuris ou fous furieux, et c’est ce qui en fait le charme.
Un petit charme, à dire vrai. Le film est un soupçon trop long, s’emberlificote à sa fin dans des marécages trop convenus pour être honnêtes et ne donne pas la même sensation de plaisir que Fargo ou même Barton Fink.
Il a, pourtant une sorte de grâce : la musique country, les mélodies naïves, claires, simples et très adaptées au déroulement linéaire du film, qui s’écoule comme doit s’écouler le Mississippi, sans effet et sans jactance ; des images et des lumières délicieusement captées, sans effets spectaculaires pourtant ; un scénario un peu éparpillé et mené à grandes guides, mais qui s’accommode, précisément, parfaitement bien de l’indolence de ces pays du sud étasunien : des acteurs qui ont visiblement beaucoup de plaisir à jouer une partition amusante…
Les trois bagnards évadés d’un pénitencier où l’on casse des cailloux en cadence vont rencontrer, au cours de leur errance, des tas de situations invraisemblables et des tas de gens singuliers ; O’ Brother est inspiré, paraît-il de l’Odyssée d’Homère, mais la liberté de l’adaptation laisse bien de la place à toutes les digressions possibles et imaginables.
C’est tout de même un peu léger, et ça ne comporte pas, malheureusement, l’ironie noire d’autres films des frères Coen ; tout au plus peut-on noter une assez amusante sauvagerie envers les animaux, et s’amuser du troupeau de vaches mitraillées par le gangster Babyface Nelson (Michael Badalucco) et du crapaud écrasé à main nue par le méchant Big Tean Teague (John Goodman), et s’amuser des rapports exaspérants d’Ulysse (George Clooney) et de son ancienne femme Penny (Holly Hunter) ; et puis il y a cette scène formidable de la réunion du Ku-Klux-Klan traitée comme un ballet de comédie musicale ; mais c’est tout de même un peu maigre.