Le texte de présentation du boîtier du DVD précise qu’il s’agit d’une série B de style Midi-Minuit. Et c’est en pleine connaissance de cause que je me suis repu de ce cinéma spécialisé, qui porte le nom d’une salle du boulevard Poissonnière, qui passait, aux temps rigolos de la censure, des films d’horreur et des films coquins.
Que le cochon qui sommeille en la plupart d’entre nous ne s’éveille pas pour autant ! Un film coquin de 1957 c’est, à l’aune des évolutions constatées après 68, une œuvrette qui pourrait passer en prime time sur une chaîne de télévision et même lors d’un mercredi après-midi pluvieux. Les bambins scotchés devant leur poste n’y apprendraient rien qu’ils ne sachent déjà et aient abondamment vu. Il y a deux ou trois numéros de music-hall où les danseuses se montrent seins nus, des personnages qui ne dissimulent pas leur infidélité conjugale, quelques visions de bars à hôtesses complaisantes, et c’est à peu près tout. Ceux qui entraient dans les salles obscures pour mâter ce genre de films devaient bien se contenter de ce service minimum.
Et tout cela emballé dans une intrigue policière qui n’est guère passionnante avec deux bagarres et trois assassinats (ou le contraire).
La distribution n’est pas trop désagréable pour autant ; dans le rôle du sale type, mauvaise gouape aimée des dames, il y a Armand Mestral qu’on a davantage connu comme chanteur à voix, mais qui n’était pas un mauvais acteur : à preuve son excellente interprétation de Lantier, l’amant de Maria Schell dans Gervaise de René Clément, en 55 ; il y a aussi de bons seconds rôles un peu vieillissants : Andrex et Antonin Berval ; un joli minois qui n’a pas vraiment percé, Anouk Ferjac. Plus singulier, Jean-Pierre Kerien qui fut un des habitués des films les plus emmerdants de Alain Resnais (le souvenir que j’en ai gardé dans Muriel m’en a vacciné à tout jamais). Et la vedette féminine, Claudette Dupuis, ne manque pas de charme, ni d’abattage : voilà d’ailleurs une actrice typique de ce cinéma Midi-Minuit un peu douteux : plaisir de lire la liste des films qu’elle a tourné : Boîte de nuit, Les sept péchés capitaux, C’est la vie parisienne, La fille perdue, La môme Pigalle, et bien d’autres : un vrai délice.
Qu’est-ce qu’on peut sauver ? Comme d’habitude, la relation de ce qu’était le Paris louche de 1957 : les tripotages sur les champs de course, les bars à hôtesses montantes, le désert de Pigalle…. Le film s’ouvre, d’ailleurs, sur la vision de la place au p’tit jet d’eau, et de ses cabarets…. Les nus les plus osés du monde…. comme au début de Bob le flambeur… Malgré la distance abyssale qu’il y a entre les deux films, il est amusant de voir combien cette fascination pour le monde trouble de la nuit a marqué les esprits.
Enfin ! Chaque fois que j’achète un film comme ça, je me demande qui sont les autres couillons qui ont dépensé identiquement leurs sous…