Claire Martin (Karin Viard), sous le pseudonyme de Mélina, anime une émission de radio nocturne où elle panse les plaies du cœur et de la zigounette. Partie de rien, elle vit désormais dans le monde enchanté des beaux quartiers et des belles consciences. Elle a des tas de phobies, elle mange avec des baguettes dans des restaurants japonais ; elle n’a pas de mari, d’enfant, ni d’amant mais un tout petit chien remplace tout ce fourbi inutile. Abandonnée toute petite par sa mère, elle la recherche, la trouve, la perd à nouveau.
Ça se laisse voir, parce que Karin Viard est une belle actrice et qu’il y a quelques scènes assez réussies où l’élégante Claire découvre ce qui aurait pu être son cadre familial, dans la triste banlieue (Claye-Souilly, en Seine-et-Marne profonde).
Le réalisateur du film, dont Parlez-moi de vous est le premier long métrage, a tout de même déjà 45 ans. Il doit faire partie de la Gauche germanopratine, vu le mépris avec quoi il filme les goûts des prolos : addiction à la chanteuse Michèle Torr, fascination pour les majorettes et décor du pavillon de banlieue littéralement à vomir. Naturellement, au sein de cette famille, Bernard (François Bureloup) le (demi ?) frère de Claire est un sale type qui doit sûrement voter Front national. Heureusement Lucas (Nicolas Duvauchelle), fils de la compagne de Bernard ne mange pas de ce pain là et deviendra un jeune talent de la photographie. (Je sais, je sais : ma description n’est pas très claire, mais je n’y peux rien, si les familles dites recomposées viennent tout naturellement d’une décomposition).
Une attirance amoureuse (?) naîtra entre l’animatrice déséquilibrée et le jeune homme qui ne se demande pas trop comment une jolie femme constamment chaussée d’escarpins Louboutin vient faire dans son bled pourri.
Tout ça est tissé d’invraisemblances, d’incohérences, d’absurdités mais n’est pas ennuyeux ; ou à peine ; c’est déjà ça.