Plus de whisky pour Callaghan

Heureusement bref, malheureusement idiot.

Il me semble possible d’apprendre sur une époque tout autant en regardant de très mauvais films qu’en regardant de bons. Et si ça se trouve même, davantage tant on a des perspectives tout ouvertes sur certaines dispositions bizarres de la nature humaine, notamment du mauvais goût des spectateurs d’une époque ; le pire que j’en ai été et je me souviens, presque soixante-dix ans plus tard combien Plus de whisky pour Callaghan avait emballé le môme dévoreur de cinéma que j’étais. Emballé notamment par le jeu de mots terminal dont je vous dirai un mot un peu plus avant si vous avez la faiblesse de me lire.

Ce deuxième opus de la série n’est pas meilleur que le premier, À toi de jouer Callaghan, compendium d’aventures compliquées, de bagarres poussiéreuses, d’acteurs mal filmés et pour la plupart sans talent. Et je suppose que les deux derniers films de la tétralogie (!!), Et par ici la sortie ! (1957) et Callaghan remet ça (1960) que je regarderai certainement un autre jour ne déparent pas au tableau d’horreur. On est consciencieux ou on ne l’est pas !

Mais donc je suis bien fondé à penser qu’une série qui parvient à tirer quatre fois à la ligne a dû être suffisamment appréciée et regardée pour trouver les financements indispensables, même si l’on voit bien qu’elle est fauchée.

Le premier film mettait en scène l’aventurier-détective-tombeur de ces dames Slim Callaghan dans une affaire d’escroquerie à l’assurance ; le second parcourt les chemins délicats de l’espionnage de secrets atomiques. Qui espionne ? Évidemment les méchants Soviétiques dirigés par le Commodore Schoubersky (Jean-Max) aidés par un réseau de de belles filles et de malhonnêtes gens. Parmi eux le Comte Harragos qui s’appelait Robert de Bois-Joli dans le premier film, identiquement interprété par Robert Berri ; voilà un acteur à la trogne primaire qui a alterné les rôles de malfrat et de policier dans une quantité invraisemblable de films des années 50 et 60 ; des rôles de fier-à-bras vaniteux, insupportables, bornés qui finissent toujours par recevoir des raclées monumentales.

Qui sauve le Monde libre ? Évidemment Slim Callaghan, toujours interprété par le fadasse blondasse Tony Wright et son adjoint malin Nicchols (Robert Burnier), aidés par une très jolie femme snob, légère et délicieuse, Doria Varette (Magali de Vendeuil, qui fut la femme de Robert Lamoureux). Callaghan et Doria se retrouvent poursuivis et tenus pour mort à l’Île du Levant (trop chastement filmée). L’ami Nicchols presque en pleurs, exprime la triste sentence : Ah tristesse ! Désormais plus de whisky pour Callaghan ! ; mais les deux amants ont survécu et l’écran vous fait un clin d’oeil : Plus de whisky pour Callaghan signifie en fait + de whisky pour Callaghan.

Ah là là, qu’est-ce qu’on avait de l’esprit dans ces années-là !

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