Prometheus

prometheus_affiche_1200-2Hors Kubrick, point de salut !

J’ai du mal à le croire et à me l’imaginer, mais j’ai regardé ce film avant-hier à la télévision, sans ennui et sans passion, mais en ayant oublié que je l’avais déjà vu il y a moins de trois ans ! C’est dire s’il m’avait fait forte impression et si les images, pourtant quelquefois fort spectaculaires étaient restées ancrées en moi !!

On pourra naturellement imputer cela à mon de plus en plus évident délabrement intellectuel ; chaque jour qui passe éteint, c’est certain, un peu plus les neurones (ou dissocie les synapses : je ne sais pas quelle est l’expression la plus appropriée). Mais, au delà de cet inéluctable parcours vers la nuit de l’esprit, je crois, plus prétentieusement et contrairement à ce que j’affirme d’habitude que le genre de blockbuster qu’est Prometheus doit être vu dans une salle obscure immense et suréquipée, dotée d’un écran géant et de haut-parleurs tonitruants. Cet équipement, cet artifice d’immersion permet seul d’admettre la niaiserie du discours présenté et l’omniprésence fatigante du tohu-bohu de rigueur dans ce style de films.

b97ppkaffg1u7pqjjxofTohu-bohu m’est venu sous les doigts (on ne peut plus écrire sous la plume) et l’expression est plutôt heureuse puisque le terme, dans la Genèse, désigne le chaos primitif du monde. Pour un film qui a la prétention de faire se poser au spectateur la question de l’origine de la vie et de l’intelligence et qui y répond d’une façon simpliste mais habile, il convient même tout à fait.

Mais le problème de Prometheus, c’est qu’il y a eu déjà, il y a près de cinquante ans, un film qui a déjà posé la question, et d’une façon telle qu’elle est définitive : c’est 2001 et quel que soit le talent de Ridley Scott, il ne peut tout de même pas prétendre arriver à la cheville de Stanley Kubrick.

0b3e686c8a98d3e8d8b0c3c009f21dc1Il a toutefois l’honnêteté de lui rendre hommage et de multiplier les citations : au tout début, bien sûr, dans le vaisseau spatial en hibernation où l’androïde David 8 (Michael Fassbender), seul éveillé fait du sport, mange un machin sans nom, surveille les cadrans et où les autres membres de l’équipe reposent bien sagement dans leur sarcophage ; plus avant dans le film, on retrouve dans la chambre polygonale du milliardaire commanditaire de l’expédition, Peter Weyland (Guy Pearce) le grand lit dans lequel agonisera Dave (Keir Dullea) ; Weyland en a copié d’ailleurs le visage craquelé…

6a00d8341cac1753ef017ee427d4c7970d-piToute cette orientation de Prometheus qui se réfère à cette sorte de quête fondamentale des origines est plutôt naïve ; en revanche, celle qui se branche directement sur Alien est très excitante et bien menée. Il est vrai que les producteurs n’ont pas mégoté sur les effets spéciaux, qui sont particulièrement horrifiques : j’ai désormais en tête l’invasion des deux ingénieurs égarés dans le dôme mystérieux par les immondes créatures, la façon dont elles s’emparent d’eux… et la césarienne que s’impose Elizabeth (Noomi Rapace) n’est pas mal non plus…

Cela étant, il me semble qu’à trop vouloir tirer sur la corde d’un sujet original (ce que fut le premier Alien) on ne peut, à la longue que ressasser et, sinon vraiment lasser, du moins rendre un peu indifférent l’honnête amateur… Prometheus étant donc une préquelle d’Alien, on se demande pourquoi il n’y aurait pas un préquelle de Prometheus : il n’y a pas de raison…

 

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