J’ai donc revu, pour la quinzième fois sans doute un film qui surprend toujours autant, qui fonctionne toujours avec autant d’efficacité et qui est, sûrement, une de ces références de l’histoire du cinéma qui n’est pas vraiment commentable, parce que tout a été dit, de l’économie de moyens, du rythme, et de l’intelligence des séquences…
Qu’est-ce que je pourrais bien avoir à dire sur Psychose, qui n’ait été dit, commenté, densifié ? On cherche en vain ; et mon mauvais esprit habituel se demande ce qu’il pourrait bien avoir à dénigrer d’un film qui tient en haleine de la première à la dernière image, et dont l’habileté du scénario est si impeccable que, malgré l’abondance des visions, on se laisse toujours faire, fasciné, par la cinglerie de Norman Bates/Ed Gein ?
Le peu que je connais d’Alfred Hitchcock (qui me semble être, par ailleurs, un cinéaste singulièrement surévalué) me donne toujours à voir des tics de filmage un peu pesants, comme toujours chez le réalisateur, qui adore faire, à l’anglo-saxonne, de graveleuses allusions, ou, plus encore mettre les points sur des I, en se jugeant très fort d’oser des blagues scabreuses : ainsi, juste à la fin de la scène de la douche, un gros plan de la bonde qui évacue l’eau (mêlée de sang) immédiatement suivi d’un gros plan sur l’œil mort de la malheureuse Marion Crane Janet Leigh ; ce genre de trucs est assez systématique de l’auteur et déjà, dans L’inconnu du Nord-express, j’avais trouvé ces faiblesses assez ennuyeuses.
Quoi d’autre ? Que Norman Bates, si remarquable, sous les traits d’Anthony Perkins lorsqu’il est le fils, séduisant, timide, attachant, est parfaitement ridicule lorsqu’il endosse les habits de sa mère, lors du meurtre d’Arbogast le détective (Martin Balsam) ou lors de la tentative d’assassinat de Lila Crane (Vera Miles), juste à temps stoppée par Sam Loomis (John Gavin)… à la suite de quoi, assez roublardement, les orbites vides du cadavre empaillé de la mère de Norman s’éclairent au va-et-vient de la lampe bousculée…
Bon, cela étant dit, qui se veut grincheux, ne cache pas grand chose : Psychose est un film terrifiant et remarquable, formidablement rythmé, et toujours subtilement mené ; j’aime voir Marion (Janet Leigh), victime déjà désignée, qui vient de changer de voiture et se dirige inéluctablement vers son destin, s’éloigner du garage où elle a vendu sa voiture, sous les yeux du policer à lunettes noires, du garagiste et de son mécano, autant d’anges fatidiques qui voudraient, mais ne peuvent l’éloigner de son sanglant destin…