Il faut bien du mérite pour trouver des qualités à ce film interminable de 83 minutes (et en fait de 80 minutes de trop) et montrer quelque aveuglement pour regretter que Marin Karmitz ait rapidement arrêté sa carrière de réalisateur. De fait, après avoir tourné ensuite deux films militants, Camarades et Coup pour coup, il a très rapidement compris qu’il avait davantage sa place parmi les 500 plus grandes fortunes françaises qu’au sein de la Gauche prolétarienne maoïste dont il fut membre.
Ne nous en plaignons pas puisque, outre d’être devenu un des plus importants producteurs, distributeurs et exploitants de salle du cinéma français, il nous a épargné par son abstention une longue litanie de réalisations essoufflées et ennuyeuses, auprès de qui les œuvres les plus absconses de Jacques Rivette ou de Jean-Luc Godard paraissent imitées du Gendarme de Saint-Tropez.
J’exagère à peine : il y a tout de même une vague histoire qui se déroule dans sa linéarité : la semaine que va vivre Jacques (Jacques Higelin), qui rêve de composer sa musique et qui est réduit, pour faire vivre sa famille, à accompagner en tournée une troupe de danseuses. Il est las de sa femme (Michèle Moretti), mais ne va pas trouver dans la brève aventure qu’il aura avec une des danseuses de la troupe (Catherine Martin) une raison suffisante pour quitter son foyer, qu’il retrouvera toujours aussi gris.
Que cette trame ne soit ni très dense ni très gaie n’a pas, en soi, beaucoup d’importance. On a vu des films encore plus ténus parvenir à séduire (les exemples me manquent mais il doit bien y en avoir). Mais Sept jours ailleurs présente tous les tics, toutes les manies, toutes les toquades de ce faux cinéma d’une époque révolue. Karmitz use et abuse des gros plans et des plans fixes sur absolument tout ce qui passe à sa portée : visages, panneaux, couloirs vides, façades d’immeubles glacés, parties des corps, quais de gare dans la nuit, toits, fumées d’usine et ainsi de suite. Et cela sur un fond de musiques contemporaines discordantes et avec des dialogues chuchotés, souvent inaudibles (volontairement inaudibles, évidemment).
Image brute et son direct. Voilà qui a pu abuser des gogos pendant quelques années mais qui, balancé en DVD aujourd’hui donne à voir l’immensité de l’impasse dans quoi s’étaient engagés des gens qui, n’ayant rien à dire, voulaient le faire savoir haut et fort.