Séraphine

Petite déception.

Ce film a été illuminé d’un nombre considérable de Césars en 2009 (je n’attache pas plus d’importance que ça aux récompenses autodécernées par les professionnels de la profession, mais enfin, ça pose des repaires), et l’originalité de son sujet, cette pauvre souillon un peu simple devenue un nom majeur de la peinture naïve, morte de faim en 1942 dans un asile de fous me semblait assez intéressant.

Qu’en dire ? Que, définitivement, Yolande Moreau est la plus grande actrice laide du cinéma français depuis Marguerite Moreno.

Et à vrai dire, à part la grande interprète de La folle de Chaillot et de Douce, je n’en vois pas beaucoup d’autres dans ce registre restreint. Certes, des femmes laides, il y en a toujours eu beaucoup sur l’écran, de Pauline Carton à Jeanne Pérez en passant par Maximilienne ; mais c’étaient là des seconds rôles, voire de simple silhouettes, rien qui puisse occuper le premier plan, et autour de qui on puisse bâtir un film. Les hommes, à cet égard sont beaucoup mieux servis, si j’ose dire : il n’y a qu’à évoquer Michel Simon !

Yolande Moreau a toujours été laide. Elle a toujours été bourrée de talent. Revoir Sans toit ni loi, son premier film où elle parvient, malgré la présence constante, écrasante de Sandrine Bonnaire, autre admirable artiste, à ciseler un personnage de pauvre fille, brave et vaincue d’avance. Revoir, dans l’intéressant Germinal de Claude Berri, ses yeux, son jeu fou lorsqu’elle émascule l’immonde épicier Maigrat (Gérard Croce). Revoir Le fabuleux destin d’Amélie Poulain, où elle joue, avec juste l’outrance qu’il faut, Madeleine Wallace, la concierge sentimentale à qui Amélie fait le beau cadeau d’une lettre apocryphe de son mari disparu…

Oui, Yolande est laide et grande. Elle met en scène directement ce petit bijou de Quand la mer monte, qui donne une bien plus belle image des gens du Nord que le pauvret Bienvenue chez les ch’tis ; elle y met tendresse, humanité, séduction, même.

D’où vient que Séraphine ne fonctionne pas vraiment, devient, au fur et à mesure, un peu longuet ? Précisément peut-être, parce que Yolande Moreau est trop seule à porter le film ; outre que, à partir du moment où elle n’est plus sur l’écran, on s’ennuie un peu, on se dit que, finalement, le sujet est un peu léger pour tenir plus de deux heures. Le rythme s’essouffle, s’alanguit, finit par lasser.

C’est bien dommage. Parce que l’actrice est grande…

Leave a Reply