Surprenant !
J’ai capté ça hier soir presque par hasard, par flemme de trouver autre chose ou de réfléchir quel DVD me ferait plaisir de regarder. Et je suis resté jusqu’au bout parce que c’est amusant, pas sérieux pour un sou et surtout – à mes yeux – inhabituel, la bouffonnerie de potaches se mêlant aux images gore.
Le réalisateur, l’inconnu Eli Craig (né en 72) a manifestement ingurgité depuis sa plus tendre (!) enfance toute la grammaire du cinéma d’inquiétude étasunien : les sous-bois revêches dans lesquels les protagonistes se zigouillent sont directement issus du Projet Blair witch, la maison en planches pourries au fond des dits sous-bois évoque celle d’Evil dead et les frustes péquenots amateurs de Budweiser et de pêche nocturne font irrésistiblement penser (en tout cas au tout début) à tous les dégénérés qui hantent les Appalaches, ceux de Œil pour œil, de La dernière maison sur la gauche (sans aller toutefois jusqu’aux abominables crétins de Delivrance ou aux fous furieux de The Devil’s Rejects).
D’autres citations paraîtront sûrement évidentes à des amateurs plus férus que moi de cinéma d’horreur ; j’en ai tout de même repéré deux, très amusantes. La première est un des multiples quiproquos qui va aboutir au bain de sang des étudiants venus glandouiller en forêt, terrifiés par deux braves ploucs dépassés par les événements : l’un deux, voulant simplement tronçonner un vieux tronc, dérange malencontreusement un nid de guêpes ; toujours muni de son engin en marche, il s’enfuit pour échapper aux insectes furieux, apparaissant évidemment aux étudiants comme le dément du Massacre. La seconde, où un étudiant qui donne l’assaut aux deux amis Tucker et Dale (Alan Tudyk et Tyler Labine) se précipite accidentellement dans un broyeur à bois en train de fonctionner : dans Fargo, c’est le même genre d’instrument qu’un des malandrins utilise pour se débarrasser de son complice…
Comme dans tout film d’horreur de ce style qui se respecte, la bande de jeunes ne cesse de se chamailler et de se séparer ; mais elle ne tombe donc pas sous les coups d’un maniaque bien organisé, mais par une suite de maladresses et de malchances. Et les ennemis supposés sont de braves types paniqués qui font tout leur possible pour arranger les choses.
Le dernier quart d’heure est longuet, mais comme il en faut toujours un, on se laisse faire (Qui pétitionnera avec moi pour supprimer le dernier quart d’heure de la quasi totalité des films, soit dit en passant ?). En tout cas, si ça ne casse pas trois pattes à un canard, et malgré son titre ridicule, ça se laisse regarder avec le sourire.