Un Américain à Paris

affiche-Un-Americain-a-Paris-An-American-in-Paris-1951-1Ravissant…

Tiens, pourquoi 5/6, seulement, pour un film merveilleux, exemplaire, modèle d’une comédie musicale toute de gaieté, d’images ravissantes et de musiques enchantées ? Pourquoi 5/6, c’est-à-dire pas tout à fait autant, pour ce Minnelli que pour les deux Donen que je mets tout en haut de mon Panthéon personnel, Les sept femmes de Barbe-rousse et Chantons sous la pluie ?

Pourtant ça ruisselle de qualités et de talents, il y a des moments de grâce miraculeuse : ainsi toutes les rencontres de Jerry (Gene Kelly) et de Lise (Leslie Caron) sur les quais de Seine, qui dégagent une poésie fragile, délicate, aérienne ; ainsi, précisément le charme de Leslie Caron, dont c’était le premier film, et qui n’a pas fait la grande carrière à quoi sa frimousse ravissante de chat, son élégance naturelle, sa fluidité d’allure, sa double ascendance franco-américaine la destinaient ; ainsi un merveilleux Technicolor, dont Minnelli fait un usage de virtuose, jouant des éclairages, des contrastes, des codes avec un art consommé, comme on l’a souvent etexcellemment fait remarquer  ; ainsi, bien sûr, la musique de George Gershwin, dont on prend conscience à chaque note qu’elle est de celles qui ont marqué, marquent et marqueront notre imaginaire et feront toujours notre bonheur ; ainsi le dialogue, pétillant d’esprit, nourri de formules vachardes et spirituelles (Jerry à Milo – Nina Foch – qui le reçoit au Ritz vêtue d’une robe minimale : Comment tient cette robe ? Par pudeur !)…

flFl_Illustration_279Alors ce 5 ? Ben oui… Un petit effritement à cause de la dégaine gominée et à la voix de caramel mou de Georges Guétary, le Mariano du pauvre, aussi insupportable que d’habitude ; mais un gros du fait de l’histoire narrée, d’une banalité extrême, au rebours de celles de Donen célébrées plus avant. C’est tellement prévisible, et irritant de prévisibilité que ça m’a agacé…

Mais si tous mes agacements n’étaient qu’aussi épidermiques et infimes, la vie serait un chemin de roses ruisselantes de miel…

Regardez, regardons, voyons et revoyons Un Américain à Paris ; c’est, en plus, un beau chant d’amour du Nouveau Monde pour l’Ancien, un monde où l’efficacité à la new-yorkaise s’émerveille du plaisir de vivre à Paris, capitale du monde… Du monde intelligent, évidemment…

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