C’est donc, paraît-il, le premier film réalisé par Clint Eastwood et c’est suffisamment maladroit pour qu’on n’en doute pas ! Alors que le scénario, sans être d’une folle originalité, est intéressant et comporte une bonne dose de violences bienvenues, qui m’ont fait, dans les meilleures séquences, songer à un excellent giallo (par exemple le meurtre du sergent McCallum (John Larch) zigouillé avec une grande brutalité), la mise en scène et le rythme m’ont paru extrêmement poussifs.
L’idée d’une femme fragile pathétiquement, maladivement amoureuse d’un type un peu fat qui bénéficie d’une certaine aura, d’une notoriété qui fascine un esprit faible m’a fait songer à Misery de Rob Reiner, d’après Stephen King où un romancier à succès, après un accident de voiture, est séquestré par une infirmière psychotique. C’est efficace, mais moins subtil, finalement que Un frisson dans la nuit, avec ce disc-jockey de second rang un peu mou, un peu veule, un peu profiteur, Dave (Eastwood lui-même) littéralement envahi par Evelyn (Jessica Walter), qui apparaît d’abord simplement simple pécore collante et se transforme vite en hystérique malfaisante. En d’autres termes, ça commence presque en vaudeville et la tension monte (assez maladroitement) jusqu’à la sanguinolente lutte entre les deux protagonistes.
Et cela pour ne rien dire d’un montage parallèle construit sur la lacération rageuse par Evelyn d’un portrait de Dave et la conduite à tombeau ouvert d’icelui sur la corniche californienne. Eastwood était, paraît-il, très fier de cette idée, à mes yeux assez niaise. On ne dira rien par charité, de la mauvaise qualité des trucages, essentiellement du substitut de sang qui n’a jamais tant ressemblé à de la sauce tomate.
Bon. Comme on l’a écrit, il y a eu des progrès depuis lors…