Une belle fille comme moi

belle_fille_comme_moi  Lafont symbole et limite.

Qu’est-ce qui resterait de ce film de Truffaut si Bernadette Lafont n’y déployait sans limite ni mesure son extraordinaire vitalité ? Pas grand chose et peut-être même moins que rien. Mais celle qui symbolise plus que quiconque la liberté, la légèreté, la facilité et sans doute les outrances de la Nouvelle Vague y est royale et magnifique.

Nouvelle Vague ? Pas simplement ; symbole, aussi, d’une période où toutes les folies paraissaient possibles, où, sans se poser beaucoup de questions, on voyait l’avenir comme une suite de bonheurs de plus en plus intenses, et aussi de plus en plus évidents. Guère de soucis, guère d’anxiétés, guère de craintes de l’avenir… simplement l’habituelle mauvaise humeur française…

francois-truffaut8Une belle fille comme moi est un film un peu second dans l’œuvre de François Truffaut, tourné, sans doute pour se délasser, entre deux réalisations plus ambitieuses, Deux Anglaises et le continent auparavant, La nuit américaine ensuite. On pourrait dire que ça ressemble, d’une certaine façon, à ces films constitués de flashbacks, de parenthèses et de digressions, comme La mariée était en noir ou même L’argent de poche : sur une trame-prétexte sont brodés des épisodes où interviennent et sont mis en valeur des personnages, des caractères, des sensibilités : ici, successivement Philippe Léotard, Guy Marchand, Charles Denner, Claude Brasseur qui chacun jouent leur partie ; on songe un peu, aussi, à un autre film interprété par Bernadette Lafont : La fiancée du pirate, empilement de scènes et de personnalités, reliées par un fil conducteur relativement ténu.

Une fois qu’on a saisi l’évidence du déroulement de ce discours, on suit, sans passion et sans ennui, les péripéties du film, en trouvant bien médiocres certains épisodes et à peu près supportables certains autres. Mais sans le grand talent excessif de Bernadette Lafont, qu’est-ce qui pourrait bien demeurer d’un tout petit film, à peine sauvé par sa fin, d’un sympathique cynisme ? Sûrement pas grand chose…

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