Mais pourquoi les acteurs, si talentueux qu’ils peuvent être, se croient-ils autorisés, par on ne sait quel privilège, par on se demande quelle grâce divine, d’écrire et de réaliser des films ? Autre métier, autres compétences, autre esprit… Je sais bien qu’on pourra m’asséner des tas de contre-exemples, de Sacha Guitry jadis à Clint Eastwood aujourd’hui, en passant par Vittorio De Sica naguère, mais j’ai le sentiment qu’ils sont rares. Surtout maintenant où le moindre histrion de télévision s’estime de taille à tout faire, ce qui donne les bides ou bouses mérités de Jamel Debbouze ou de Kad Merad.
Je ne mets pas dans le même sac Valérie Lemercier, irrésistible dans la série Palace, dans Les visiteurs et excellente encore récemment dans Adieu Berthe. Mais le moins qu’on puisse dire est que ses réalisations (Quadrille, remake d’un film de Sacha Guitry ! Comment oser ?, Le derrière, ridicule, Palais-Royal, niais) n’ont aucune importance et bien peu d’intérêt.
100% cachemire est de la même farine et pareillement minuscule. Des tas de sujets dont chacun pourrait être la base, la structure, le fondement d’un de ces films dits de société tellement affectionnés par les chaînes de télévision : le quotidien d’un couple hype (elle directrice d’un magazine féminin tendance, lui galeriste) ; le business de l’adoption et les organismes louches qui profitent de la détresse de certains ; l’arrivée dans un foyer d’un enfant d’éducation très étrangère ; l’espèce de droit à l’enfant suscité par les conditions actuelles de la vie sociale, de l’éclatement des structures familiales et par les avancées (!!) de la science. Et en sujets adventices, les classiques coucheries des époux avec des proches et les non moins classiques relations du mari avec sa mère envahissante et sur-protectrice (la mère juive, pour être plus clair ; mais là, pour arriver à la cheville de Mouchy Messina/Marthe Villalonga de Nous irons tous au paradis, il faut se lever tôt !).
Plusieurs sujets possibles, donc, mais une sorte d’errance parmi eux. Valérie Lemercier ne privilégie aucune direction et se perd dans sa pelote de laine. Pire, elle glisse à l’intérieur de son film des anecdotes manifestement vécues, par elle ou une de ses copines, qui arrivent comme de la soupe sur des cheveux : la baby-sitter Danielle (Chantal Ladesou), qui prétend parler russe, comme l’enfant adopté, n’y entrave en réalité que couic, mais se donne des orgasmes en humant le linge sale du monsieur (Gilles Lellouche) qui l’emploie sans se rendre compte qu’elle est espionnée par un de ces logiciels qui permettent aux parents absents de la maison de surveiller le sommeil des chères têtes blondes ; ou le voisin du meilleur monde (Pierre Vernier) qui, excédé, se débonde complètement et injurie le voisinage.
Et la plupart du temps, ça sonne faux, ça tombe à plat, ça se répète, se répétouille, ça ahane, ça avance à 2 à l’heure sans direction et sans verve. Quelques mots font mouche, les acteurs ne sont pas désagréables, Valérie Lemercier est quelquefois extrêmement bien habillée (et dispose d’une collection de paires de chaussures invraisemblable) mais ça ne laissera pas la moindre trace.