À oublier pour toujours.
Ma note ne s’élève au dessus de la glaciation absolue que grâce à la tonitruante chanson-titre qui, grâce au talent du Gallois Tom Jones, fit une carrière planétaire absolue. Au titre aussi, un peu, qui est une belle trouvaille de Warren Beatty. L’acteur, paraît-il, abordait en effet ainsi, par What’s new, Pussycat ? les minettes, dont il était grand consommateur et fut à l’origine de l’idée du film (ceci sûrement à l’issue d’une soirée un peu imprégnée de substances que la loi interdit mais qui faisaient florès à l’époque dans le monde occidental).
Comme le seront un peu plus tard Casino Royale de John Huston, Yellow submarine de George Dunning ou Barbarella de Roger Vadim, d’un intérêt très inégal, le premier cité étant largement le meilleur, Quoi de neuf Pussycat ? fait partie d’une veine dite psychédélique. On pourrait d’ailleurs y rattacher, en appendices parodiques, Modesty Blaise de Joseph Losey et les deux chefs-d’œuvre du genre, Notre homme Flint de Daniel Mann et F comme Flint de Gordon Douglas.
Largement influencé par les drogues psychotropes, notamment le LSD, ce courant de contre-culture entendait démolir les cohérences et les esthétiques traditionnelles, dans une sorte de démarche hallucinatoire. Ce faisant, il renouait avec les vieilles traditions anglo-saxonnes du burlesque et du nonsensique (dont une des plus belles illustrations est Alice au pays des merveilles, mais qui a donné aussi l’excellent Hellzapoppin).
Je me souviens assez nettement qu’il y a cinquante ans (déjà !) j’étais sorti assez déçu de la salle où j’avais vu Quoi de neuf, Pussycat ?. Le nom de Woody Allen, qui en était le scénariste, ne me disait rien à l’époque (et, à dire vrai, ne me dit rien de très bon aujourd’hui). En revanche, Peter O’Toole était tout auréolé du succès mondial de Lawrence d’Arabie, Romy Schneider était déjà une immense vedette, l’annonce d’une simple présence d’Ursula Andress mettait le jeu aux joues. Et puis il y avait des seconds rôles français assez nombreux, plutôt attirants quoique de troisième rang, Michel Subor, Jean Parédès, Jacques Balutin, Jess Hahn, Éléonore Hirt, Annette Poivre…
Aujourd’hui revu, le film est une véritable catastrophe, mal fichu, mal écrit, mal rythmé, qui fait même quelquefois honte et peut s’assimiler aux pires idioties qui ont fait la renommée des Charlots ou de Paul Préboist.
De cette histoire, à la base guère plus idiote qu’une autre, d’un séduisant directeur de revue de mode (Peter O’Toole), soumis aux perpétuelles tentations des jolies femmes et qui veut se débarrasser de sa dépendance au sexe grâce à l’intervention d’un psychanalyste, le docteur Fassbender (Peter Sellers), il n’y a rien à sauver. C’est lourd, laid, aucunement érotique ni même coquin, c’est profondément ennuyeux et absolument jamais virevoltant.
Comme la période de Noël où j’écris ces lignes me prédispose à la plus absolue bienveillance, je mets quelques grains d’agrément à la musique, donc, à la remémoration de cette danse idiote qui fit fureur tout un hiver, la bostella (où il s’agissait de s’effondrer sur le sol en pleurnichant puis de se relever et ce trépigner de façon hystérique) et de deux points de vue architecturaux : l’un sur le Castel Henriette, œuvre stupéfiante d’Hector Guimard, à Sèvres, qui fut démoli dans la folie immobilière des années 70, l’autre dans les parages de l’immeuble Lavirotte du 27 avenue Rapp. À part ceci, qui n’intéressera que les rares amateurs, il faut vite oublier Quoi de neuf Pussycat ? de peur de se dégoûter du cinéma de l’époque.