La belle de Cadix

Un univers pitoyable.

Votre vieil Oncle Impétueux, qui veille à vous tenir informés de toutes les facettes de la nanardise française, a poussé son exceptionnel dévouement jusqu’à regarder, hier soir, un film de Luis Mariano, acteur et chanteur dont il s’était pourtant toujours préservé jusqu’alors.

Il est tout de même étonnant qu’un bellâtre à la dégaine si cosmétique et à la voix si lisse ait pu faire tant frémir hameaux et chaumières, au point d’avoir capté des milliers de suffrages féminins et d’avoir été l’incontestable Prince de l’opérette, aux temps où cette spécialité bien française, aux parfums de Pernod et de cassoulet, n’avait pas encore été détrônée par la comédie musicale à l’anglo-saxonne (je ne vois d’ailleurs pas trop ce que nous y avons gagné).

La belle de Cadix est donc l’adaptation filmée, en 1953, de l’opérette éponyme qui fut le premier et tonitruant succès de Francis Lopez ; on peut, d’ailleurs, avoir pour ce genre de musique une sorte de compassion agacée : on n’en est pas moins obligé de reconnaître sa redoutable efficacité puisque même les plus jeunes d’entre nous connaissent les mélodies les plus notoires, La belle de Cadix, donc, mais aussi Mexico ou Méditerranée

S’attendre à quoi que ce soit d’autre qu’une histoire recuite, faite de quiproquos, de sous-entendus graveleux et de situations éculées ne serait pas normal ; mais là, on est vraiment servi ! Dans une Espagne de pacotille, avec gitans photogéniques, sombréros, mantilles, castagnettes, flamenco et tout le tremblement, une équipe de cinéma est venu tourner un film musical…

Je renonce à en dire plus ; qu’on sache seulement que le réalisateur du film est le nonchalant Jean Tissier, dont le rôle tout de lassitude agacée, de suffisance et de mégalomanie et les troubles – en tout cas fort ambigües – relations avec son premier assistant, Claude Nicot m’incite, en un généreux mouvement à donner la note de 1, et non pas le 0 absolu à La belle de Cadix. Car sinon ! La médiocrité habituelle des DVD de René Chateau est encore accentuée par des couleurs pisseuses, presque aussi laides que des colorisations, l’intrigue est très en dessous de la moyenne, les acteurs, pour la plupart, glapissent, notamment Claire Maurier, que je n’ai jamais vue aussi mauvaise et qui n’est pas même mise physiquement en valeur…

Quant à Luis Mariano, bof… qu’en dire ? Des tas de Français avaient déjà eu le mauvais goût de préférer Tino Rossi à Charles Trénet ; ce devaient être à peu près les mêmes qui donnaient le pas à Mariano sur Aznavour ou Montand

Et puis, chose décisive, est-ce que vous avez jamais imaginé, dans vos rêves les plus singuliers, accueillir dans vos bras une charmante jeune femme à qui vous faisiez la conversation et la sérénade en terminant votre propos par Chica Chica Chic ! Ay Ay Ay ! ?

Hein ?

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