Il serait bien difficile, sauf à vivre dans un ermitage tibétain ou une clairière amazonienne, de prétendre qu’on n’a jamais vu le personnage de John McClane sauver le monde. La série – la franchise ? – qui compte désormais cinq films a été tant et tant de fois diffusée, sur une myriade de chaînes de télévision et elle compte tant d’images spectaculaires que tout un chacun s’est déjà laissé prendre à l’un ou l’autre numéro de la série.
Si j’ai bien dû capter deux ou trois fois chacun Piège de cristal et Une journée en enfer (numéros 1 et 3), je ne me souviens pas être jamais tombé sur 58 minutes pour vivre qui passait hier sur une chaîne à une heure convenable pour un vieux matou fatigué comme moi. Vieux matou qui ne peut donc que s’émerveiller, tout au moins ab initio, de l’invraisemblable énergie dépensée par Bruce Willis à tout instant, devant tout le monde et dans toutes les conditions climatiques. Bravo l’artiste !
De fait, ça commence à toute vitesse et continue en accélérant, les personnages sont rapidement et clairement caractérisés (jusqu’à la caricature, il est vrai) et les dialogues sont assez percutants. Ainsi McLane au grassouillet capitaine Lorenzo (Dennis Franz) qui lui met des bâtons dans les roues : Comment avez-vous fait pour ne pas être réformé à la visite médicale ? Vous avez envoyé un singe à votre place ?. Le scénario est évidemment indigent, du niveau habituel des blockbusters formatés pour multiplexes, mais il y a de gros moyens et des effets spéciaux bien réalisés. Les malfaiteurs sont supérieurement organisés et technologiquement performants. Les retournements de situation, les révélations et les trahisons, les coups de théâtre sont dispensés avec une réelle générosité.
En d’autres termes, c’est inventif et vivement mené et on peut s’y laisser prendre. Tout au moins au début. Parce que ça dure tout de même 124 minutes et que donc ça patauge et ça se répète dans la surenchère explosive, au bout du compte. Sans doute la durée des aventures de John McClane a-t-elle été syndicalement fixée par un contrat impératif (Piège de cristal : 125 minutes ; Une journée en enfer : 123 minutes ; Retour en enfer : 129 minutes ; il n’y a guère que le dernier volet, Belle journée pour mourir qui n’atteigne que 97 minutes : Bruce Willis, atteint par la limite d’âge, doit avoir renâclé !).
Production étasunienne classiquement dimensionnée, à la fois emphatique, compassionnelle et violente. Un truc de série qui a eu du succès.