99 F.

99francs

Frénétique, fatigant, agaçant

Comme j’avais envie d’aller au cinéma, hier, et que les quelques critiques lues n’étaient pas vraiment mauvaises, comme le monde frelaté de la publicité me fascine et m’exaspère depuis l’excellent La tête dans le sac, tiré par Gérard Lauzier de sa bande dessinée, celle-ci bien plus cruelle et désespérante, soit dit en passant, je me suis laissé aller regarder ce 99 F tiré d’un roman (?) de Frédéric Beigbeder que j’avoue, à ma grande satisfaction, n’avoir jamais lu et n’être pas prêt à le faire.

Qu’en dire ? C’est exactement le film que vous aimeriez détester, personnages dégueulasses, à l’égo démesuré et aux narines infestées de cocaïne, pourris de fric et de mépris pour ce qu’ils font, pour (tous) les autres et davantage encore pour eux-mêmes, sales types aux manettes d’un sale métier.

C’est en tout cas ainsi que la chose est présentée avec trop de verve méchante et trop d’évidence dans la détestation pour qu’on n’y décèle pas la roublardise suprême, qui consiste à laisser croire qu’on n’aspire qu’à la pureté, mais qu’on est phagocyté par le système, alors même que cet aveu est l‘ultima ratio de l’habileté.

C’est un film qui n’est pas mal interprété par Jean Dujardin et Jocelyn Quivrin mais qui est mis en scène d’une façon frénétique et épuisante par un Jan Kounen qui collectionne les bides (Dobermann ou Blueberry) mais qui trouve toujours des producteurs pour faire vivre sa petite entreprise : montage hystérique, pont-aux-ânes des ralentis, abus d’effets spéciaux gratuits (à l’exception d’une sorte de folle course automobile entreprise par les deux héros, complètement camés, où des personnages de dessin animé se substituent à la réalité sordide).

En plus, c’est assez long. Le discours tenu n’y gagne rien. On sort de la salle mécontent du film, mécontent de ses voisins, mécontent de soi. Et en plus, on a perdu la Coupe du Monde. Quel mois d’octobre !

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