Mon frangin du Sénégal

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Petite affaire de famille

Il y avait longtemps que je n’avais pas replongé dans ma misérable passion des nanards des années Cinquante et je ne m’en portais pas plus mal.  Mais le propre des dépendances – à l’alcool, au tabac ou à la ringardise – c’est qu’on repique pour un rien, un prix très bas sur un site de discompte, une soirée un peu vide où l’on n’a pas la tête bien nette, l’espérance, toujours déçue, qu’on va trouver un bout d’intérêt au spectacle…

Dans Mon frangin du Sénégal, il faut vraiment gratter très très au fond du puits pour trouver quelque chose… les publicités pour les bonbons Kréma ou les biscuits Gondolo dans l’épicerie de M. Bridoux (Noël Roquevert) et c’est à peu près tout…

Déjà, d’ailleurs, prétendre tourner un film en installant en haut de l’affiche le seul nom de Raymond Bussières marquait les limites des ambitions du réalisateur (on ne sait d’ailleurs pas très bien si c’est Guy Lacourt auteur de l’immortel Costaud des Batignolles ou Norbert Carbonnaux qui allait laisser à la postérité les non moins inoubliables Corsaires du Bois de Boulogne) ; qu’on n’aille pas prétendre que je n’ai que mépris pour la gouaille et l’œil ridé de l’indispensable Raymond Bussières ! Je le chéris avec autant d’enthousiasme que tous ses pareils, Excentriques du cinéma français, de Saturnin Fabre à Jean Tissier et ne me lasse pas d’admirer ses apparitions… à condition qu’il figure en deuxième ou troisième rôle…

mon-frangin-du-senegal_32196_16382Si j’intitule ce fil Petite affaire de famille c’est que Bussières, s’est entouré d’Annette Poivre, qui joue la charmeuse, et de Sophie Sel, petite fleuriste ingénue qui étaient ses femme et fille dans la vie. L’anecdote est assez niaise : Jules Pinson (Bussières, donc), photographe de son état, se meurt d’amour pour Annette Bridoux (Annette Poivre), fille de l’épicier (Noël Roquevert), qui ne le regarde qu’à peine ; pour séduire la dulcinée, Jules Pinson va s’inventer un frère jumeau, César, prétendument colonial au Sénégal, qui revient au pays. Naturellement le charme exotique de l’aventurier va émoustiller toute la bourgade, et en premier lieu Annette. On devine la suite.

Ce n’est pas qu’on ne croie pas à l’histoire (on n’a pas, s’agissant de pareils nanards d’exigences de vraisemblance ou d’originalité), c’est qu’on s’ennuie passablement, et, au bout d’une heure, on bâille…

Mais bon ! C’est le prix de mes tentatives pour trouver une goutte d’intérêt à des films qui ne méritant pas l’exhumation que leur fait subir René Château !

À signaler, tout de même, pour les amateurs, la présence incongrue de Lud Germain ; son nom ne vous dit rien ? Je le conçois ; mais si je vous dis qu’il joue le rôle de Fétiche, le grand noir complice du couple d’assassins dans L’auberge rouge, je suis sûr que vous le revoyez et réentendez son grand rire carnassier…

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