Revu hier En suivant la flotte (1936), et un peu déçu de cette re-vision qui me conforte dans la préférence que je porte à La joyeuse divorcée et au Danseur du dessus du même Mark Sandrich et de la même année 1935 ; l’anecdote n’est ni plus ni moins invraisemblable – et n’a pas, non plus, d’ailleurs, la moindre importance – mais elle est très tarabiscotée, ce qui n’est pas précisément recommandé dans ce genre de films où la linéarité de l’histoire va de pair avec l’éblouissement que l’on doit ressentir de la conjugaison de la musique et de la danse et ne réclame donc pas la moindre complexité (je reconnais qu’il peut y avoir là-dessus de grandes exceptions). Tout simplement parce qu’on n’a pas vraiment envie de suivre une aventure, dont on sait d’avance qu’elle connaîtra une heureuse issue, mais de n’avoir qu’un fil minimum prétexte à des numéros.
Sur ce plan là, En suivant la flotte est plutôt mal cousu, plein de péripéties répétitives et semble interminable, ceci alors même (et peut-être parce que) ces numéros chantés et dansés m’ont semblé plus courts, moins denses que dans les autres films de Sandrich. La séquence terminale, qui dans le genre, est censée représenter le bouquet final du feu d’artifice est extrêmement courte et n’a pas d’éclat particulier, par exemple. Tout cela est dû sans doute en partie au fait que le film est adapté d’une pièce à succès, transformée artificiellement (et qui a donné lieu, paraît-il, à plusieurs autres adaptations filmées).
Si Ginger Rogers et Fred Astaire sont toujours des danseurs aussi éblouissants que dans les films de l’année précédente, et si la mise en scène de Mark Sandrich les sert avec la même efficacité, je trouve aussi que la musique – du même Irving Berlin est assez au dessous de celle qu’il avait réalisée pour La joyeuse divorcée et Le danseur du dessus.
Bref, c’est assez terne et décevant, et les jeunes gens qui désirent savoir ce que pouvait être la joie de vivre il y a soixante-dix ans doivent plutôt regarder un autre film de Sandrich.