Indiana Jones et le Royaume du crâne de cristal

Sequel sans souffle.

Il faudrait bien de l’inventivité et du culot pour trouver à ce quatrième opus une continuité de qualité avec le reste de la saga ; et en découvrant hier soir Indiana Jones et le Royaume du crâne de cristal j’ai été  partagé entre l’ennui devant ce scénario mal fichu et interminable et la tristesse de voir se consumer ainsi une des plus agréables séries du cinéma.

Il est certain que filmer une dernière aventure du héros Indiana presque vingt ans après la précédente, c’était à peu près sûrement se vouer à l’échec. Tout ce qui séduisait dans le jus des années 80 est devenu poussif et assez ridicule.

Le vieillissement des acteurs ne m’a pas gêné – après tout qu’en vingt ans Harrison Ford (et Karen Allen, mêmement) aient pris vingt ans demeure dans l’ordre des choses et j’ai été bien plus réticent pour la série des James Bond, censés se dérouler dans un espace de temps restreint mais où le Sean Connery de Jamais plus jamais de 1983 n’avait plus tout à fait l’allure de celui de Dr. No (et que dire de Lois Maxwell/Monneypenny, délicieuse dans le premier film de la série, complètement défraîchie pour Dangereusement vôtre en 1985 ?). Mais davantage parce qu’en vingt ans les scénaristes ont perdu la main et ne font guère que se pasticher.

Les affreux Allemands sont remplacés par d’affreux Soviétiques ; on n’est plus en 1935 mais en 1957, mais les uns et les autres ont les mêmes physionomies obtuses et fanatiques ; à leur tête, dotés de pouvoirs absolus et d’une autorité sans faille, des chefs animés par une ambition démesurée ; que pour Le crâne de cristal, Spielberg soit allé chercher une vipère ravissante, Irina Spalko (Cate Blanchett) est dans l’ordre normal des choses et des revendications féministes égalitaristes, os jetés au politiquement correct ; ceci d’ailleurs ne fait que rapprocher la série de celle des James Bond où les méchants sont de plus en plus souvent représentés, en tout cas assistés par des malfaisantes très girondes.

Il me semble en tout cas que les scénarios des trois premiers films, aussi inventifs et délirants qu’ils pouvaient être, avaient davantage d’homogénéité, ce qui en donnait une composition plus lisible. Le quatrième part un peu dans tous les sens mêlant les fariboles à la Roswell (c’est bien connu, on nous cache tout !), les messages laissés par des civilisations disparues, les chausse-trapes édifiées pour compliquer la course au trésor, les coquecigrues spiritualistes et tout un fourbi compliqué. On mixe ceci avec les aventures du héros, tour à tour traqué, trahi, vaincu, prisonnier, délivré, renaissant, triomphant, embarrassé au long de ses aventures par les relations compliquées qu’il entretient avec ses femmes et ses proches parents : la recette est toujours un peu identique.

Au bout du compte (et du conte), on en a un peu son soûl de poursuites, des dévastations de bestioles immondes, scolopendres, fourmis rouges, anacondas et le reste et des machines infernales archaïques et efficaces qui ne demanderaient pas mieux que de broyer, percer, déchiqueter, noyer Indiana Jones et ses compagnons ; même les morceaux de bravoure lassent par leur prévisibilité et la course folle des voitures blindées dans la forêt amazonienne puis le long de précipices vertigineux est vraiment interminable. Les ridicules effets spéciaux qui animent la marabunta des fourmis rouges ne font pas le tiers du quart de l’impression que donnaient la fosse de serpents de L’Arche perdue ou les couloirs grouillant de cafards du Temple maudit.

Et puis le dernier film de la série est de très loin le moins sadique et le moins cruel des quatre. Ce qui n’est pas un bon point pour les grands enfants que nous sommes, car on sait de longue date que les meilleurs contes de fées sont ceux où coule le plus de sang, du Chaperon rouge à Barbe bleue.

Leave a Reply