On ne s’en lasse pas !
Chers jeunes amis qui n’avez pas eu la stupéfaction et le bonheur de découvrir à l’orée des années Soixante ce nouveau genre de films d’action qui survenait dans un monde entièrement dominé par les westerns, les péplums, les moyennageuseries (ce n’était pas mal, je sais, mais si récurrent !), chers amis qui ne perçoivent pas qu’il fut un temps où l’homme d’action était uniquement représentée par la ringardise absolue d’Eddie Constantine et de ses épigones, si vous saviez ce que James Bond
a représenté pour notre adolescence boutonneuse !
En un instant, il nous donnait l’émerveillement des paysages exotiques et des îles de rêve, des hôtels de luxe, de l’élégance vestimentaire, des matériels sophistiqués, des voitures raffinées, des filles si belles qu’on les suivrait à genoux (l’apparition en bikini blanc d’Ursula Andress sur la plage de Dr. No
a durablement traumatisé ma génération…).
En plus, les premiers films de la série s’appuyaient sur l’œuvre originale de Ian Fleming
, romans d’espionnage et de fantasmagorie solidement charpentés, mieux capables que n’importe quel ouvrage de faire partager l’émotion du joueur de baccara et les émois de l’amateur de Dom Pérignon 1954.
Je tiens, comme beaucoup, Goldfinger
pour le meilleur film de la série : Sean Connery
dispose désormais d’une totale aisance dans l’interprétation du personnage, Goldfinger (Gert Froebe) est un méchant structuré, parfaitement identifié, revenant tout au long du film pour les séquences de bravoure (la partie de cartes, la partie de golf, le laser, l’attaque de Fort Knox), le personnage du valet mongol à la force exceptionnelle et au chapeau tueur est extraordinairement pittoresque, et l’ambiguïté lesbienne de Pussy Galore (Honor Blackman
) rarissime à l’époque est une formidable trouvaille.
On ne s’en lasse pas !