Vilaines filles, mauvais garçons…
Voilà un film assez rigolo à voir qui ne me laissera pas la moindre trace après que je l’aurai vu, c’est-à-dire dès demain. Sauf peut-être et sans doute par la présence de Madonna, que je ne connaissais jusqu’alors – au moins par on dit – que pour sa propension à se débarrasser, lors des concerts à quoi assistait un Président de la République qui se prétendait gaulliste (ah ah ah !) de ses petites culottes. Il faut en tout cas reconnaître que la donzelle détient ce qui n’est pas donné à tout le monde : une odor di femina qui n’est pas qu’olfactive mais qui rejaillit avec une grande aisance sur les écrans.
Ceci posé, que dire d’un film dont l’intrigue n’est pas mal construite et qui avance tant bien que mal sans ennui vers un aboutissement attendu depuis son origine ? C’est-à-dire la remise dans des cases bien adéquatement disposées de ce que la malignité du Destin avait mal disposé. La gentille bourgeoise Roberta Glass (Rosanna Arquette) mal mariée mais à fort potentiel (comme on dit de nos jours) s’émancipera de son péteux, ennuyeux, hypocrite, infidèle mari Gary (Mark Blum) qui fait sa pelote en vendant baignoires et jacuzzis à la prospère moyenne bourgeoisie new-yorkaise. Et l’inquiet musico Jim (Robert Joy) parviendra à s’emparer de la délicieuse, incontrôlable, furieuse, amorale Susan (Madonna) après qui il court depuis des années infructueusement.
Tout cela à la suite d’aventures aussi farfelues et invraisemblables que fichues de façon amusante et bien troussées. On ne compte plus les quiproquos, les péripéties de hasard, les coups de théâtre qui forment la trame du film de Susan Seidelman, qui date déjà de trente-cinq ans mais qui a laissé une petite trace dans l’histoire du cinéma, ne serait-ce que par son titre intriguant.
Recherche Susan désespérément, c’est la base sur quoi, grâce à une petite annonce récurrente dans un journal quotidien, que tout s’embraye. La curiosité de la parfaite ménagère Roberta/Arquette qui, sans même s’en rendre compte, s’ennuie tout aussi désespérément dans le calme frigide de son ménage prospère et rêve, tout à fait naïve, à l’histoire qu’elle imagine exister entre les correspondants des petites annonces où elle voit s’entasser les messages, va, par toute une suite de catastrophes entraîner le basculement des personnages.
C’est funambulesque, burlesque, quelquefois grotesque et il ne faut pas avoir de trop grandes exigences de véracité pour apprécier le déroulement d’une histoire qui s’apparente souvent à un vaudeville. Un vaudeville qui serait un peu cruel, de temps en temps un peu cynique et souvent tutoyeur d’obstacles. Beaucoup des protagonistes de ce petit monde ne valent pas grand chose, et en particulier Susan/Madonna, dont l’amoralité est aussi éclatante qu’assurée et assumée, et qui demeure pourtant séduisante, évidente, qui, sans être tout à fait jolie, envahit l’écran avec une certaine force. Ceci bien que Rosanna Arquette ait un rôle tout de même un peu davantage consistant.
On ne sait pas toujours la raison pour quoi certains films, qui n’ont pas de particulières qualités d’image ou d’interprétation, parviennent à demeurer, fût-ce au simple titre d’écho, dans la mémoire des cinéphages. Voilà une bien grande interrogation…