Autant dire tout de suite que si je n’ai pas pour Dany Boon l’adulation que beaucoup paraissent lui porter dans notre pauvre monde sans grands repères, il ne fait pas non plus partie de mes aversions et de mes rejets épidermiques. Je l’avais plutôt trouvé sympathique et convaincant dans Mon meilleur ami, en 2006, film au demeurant assez médiocre de Patrice Leconte, avec Daniel Auteuil, mais beaucoup moins intéressant dans Eyjafjallajökull … sinon dites « Le volcan d’Alexandre Coffre en 2013, avec Valérie Bonneton. Mais aussi j’ai trouvé absolument méprisable et dégradant son immense succès de Bienvenue chez les ch’tis en 2008 où il ridiculisait les Gens du Nord en faisant mine de les célébrer. Et bien des couillons s’y sont d’ailleurs laissé prendre (plus de 20 millions de spectateurs dans les salles !).
Pourquoi, alors avoir regardé hier dimanche soir Radin ! ? Par flemme absolue, d’abord de chercher autre chose dans les programmes de télévision ; demeurer sur TF1 était l’assurance de conforter mon glissement dans la paresse absolue, on peut là-dessus faire confiance au groupe Bouygues. Puis par faiblesse d’esprit et éclair de modeste espérance après avoir vu, dans la journée, un extrait du film : devant la caisse d’un supermarché, le personnage que joue Boon, François Gautier, radin maniaque et structurel, conteste pour 5 centimes le montant de ses achats et demande à l’employée de refaire le compte, alors qu’une longue file de clients s’impatiente. Sottement ça m’avait paru caricaturalement rigolo et j’espérais vaguement que non seulement la scène s’étendrait mais que d’autres séquences du film seraient de cette veine.
Crétin que j’ai été ! Non seulement la scène ci-dessus relatée intervient au tout début du film sans le moins du monde se développer, mais tout le reste est d’une pauvreté accablante, niaise et ridicule. Il y a pourtant souvent de quoi faire en poussant jusqu’à leurs extrémités des traits de caractère, des défauts encombrants ou même des vices grotesques. Et la radinerie, lorsqu’elle est portée avec une sorte d’ostentation peut ouvrir quelques bonnes perspectives comiques.
Là, rien, vraiment rien. François Gautier, violoniste de quelque talent, vit dans l’obsession de dépenser le moins possible. La chose est publique, notoire et même revendiquée. Mais lorsque Valérie (Laurence Arné), nouvelle violoncelliste, commence à le séduire, les soucis commencent. D’autant plus que Laura (Noémie Schmidt) vient se joindre au récit. Laura est tout simplement la fille de François et de Carole (Karina Marimon), harpiste qui a eu jadis une histoire avec François. On peut s’interroger sur la raison pour quoi Carole a dissimulé si longtemps cette maternité et pourquoi Laura , la vingtaine, ne se révèle qu’à ce moment.
Mais à ce niveau de nullité cinématographique, est-on encore dans la cohérence ? Après tout, au spectacle, on peut passer sur à peu près tout et lorsque le film est bien conçu et bien réalisé, s’enchanter même des fariboles mises en scène. Je le répète, rien, vraiment rien. Ni une idée, ni un gag et les mensonges de Gautier/Boon pour essayer de se sortir du merdier où il baigne sont pathétiques de bêtise.
Dans les pires nanards du siècle dernier on peut arriver à trouver une image, une trogne, un souvenir. Dans Radin !,il faudrait chercher des années. Et l’acteur principal qui se caricature complaisamment, est absolument épouvantable.
On le sait : la paresse est un des pires défauts, la mère de tous les vices. Je l’ai bien cherché ! Tu l’as voulu, Georges Dandin !