Il est bien certain que de la surabondante filmographie de Woody Allen qui, à certaines époques, réalisait un film par an, je ne connais pas grand chose.
En fait ce n’est pas l’abondance que je dois déplorer : parmi les metteurs en scène que je place au plus haut de mes dilections, Julien Duvivier a pratiquement connu le même rythme et, dans des temps plus proches, Patrice Leconte. Mais il se trouve que je n’ai jamais vraiment accroché aux films du Juif new-yorkais, enseveli sous leur verbiage épuisant et la légèreté de leur propos. Un peu comme dans une pièce de boulevard réussie, on rit, on s’amuse, on s’esclaffe à certains morceaux réussis, mais les rideaux fermés, les projecteurs éteints, les ouvreuses couchées, on se demande vraiment ce qu’on a regardé et ce qu’on va oublier très vite.
Il faut tout de même dire que Meurtre mystérieux à Manhattan contient une des meilleures répliques qui se puisse, une de celles qui on installé Allen au Walhalla des auteurs spirituels : Quand j’écoute trop de Wagner, j’ai envie d’envahir la Pologne !. Mais une fois cette forte parole dite, nous nous trouvons devant un vide absolument abyssal.
Parce qu’il n’y a rien, rien du tout dans ce film : intrigue idiote et minimale, personnages translucides, propos sans intérêt. Deux époux vieillemment mariés ont besoin d’un peu de piment pour prolonger leur vie sentimentale et s’inventent une histoire farfelue pour survivre. Il y a un faux meurtre qui les excite, une idée qui les affole : il y a peut-être, parmi leurs relations des gens que l’on peut soupçonner.
Je dois dire que l’intrigue policière est d’un ennui si profond, d’une vacuité si intense, que l’on se demande jusqu’où elle va s’engloutir. Au milieu des ennuyeuses pérégrinations policières qui sont l’obligation de l’intrigue, surgissent quelques velléités amoureuses. Carol Lipton (Diane Keaton), mariée à Larry (Woody Allen) n’est pas insensible au charme de Ted (Alan Alda) alors que rôde dans les parages la séductrice Marcia Fox (Angelica Huston).
C’est à peu près tout. Le film est verbeux, emphatique, inintéressant. Le cinéaste déroule une intrigue d’une banalité extrême et a l’air de croire qu’il est important, alors qu’il n’est une ligne de plus à la filmographie de Woody Allen.
Des riens du tout. Et même davantage.