Répétitif
L’idée que l’on peut renouveler et moderniser les mythes anciens et les terreurs humaines n’est pas, en soi, absurde, mais lorsque, dans ces directions les codes du vampirisme ont été fixés de manière aussi forte et structurée que le fit Bram Stocker en 1897, collectant, juxtaposant et synthétisant les écrits de plusieurs auteurs qui l’avaient précédé (Goethe, Polidori, Théophile Gautier, Hoffman, Sheridan Le Fanu), quand ces codes sont stabilisés dans l’inconscient collectif des amateurs, il est bien ardu de les bousculer et, naturellement, plus encore, de les moderniser.
D’autant que le mythe du vampire s’inscrit, tout au moins en Occident, dans une cohérence des structures de civilisation et de spiritualité, c’est-à-dire l’omniprésence du christianisme et, parallèlement, la connaissance par chacun des spectateurs, d’une dogmatique minimale.
Sinon ? Et bien, sinon, ça donne ce Vampires qui n’est pas mal fait, qui, à plusieurs moments donne des images troublantes et permet des situations lourdes, mais fait appel à une infrastructure intellectuelle foutraque, très proche des billevesées prétendument initiatiques de la littérature à la sauce Da Vinci Code. La grotesque figure du Cardinal Alba (Maximilian Schell) qui ne croit plus en Dieu, espère néanmoins la vie éternelle et célèbre un rituel d’exorcisme au milieu des morts-vivants et des goules, est typique de cette incohérence.
Il y a des images qui ne sont pas mal, disais-je, mais c’est tout de même un peu lent et répétitif : grandes éventrations gore, hurlements divers et éclatements pyrotechniques qui embrasent le vampire dès qu’icelui est tracté au grand soleil par un câble d’acier ; la première fois, ça séduit, la seconde, ça amuse, ensuite, ça lasse. Dans toute la série des Dracula de la Hammer, il y avait bien plus de variété dans l’extermination : lumière du jour, bien sûr, mais aussi eau courante (Dracula, prince des ténèbres), ailes d’un moulin qui forment une croix (Les maîtresses de Dracula) et ainsi de suite…
Carpenter sait créer des ambiances, mais les scénarios qu’il met en scène sont tout de même bien courts (j’avais écrit à peu près la même chose sur Prince des ténèbres qui est pourtant meilleur que ce Vampires de série…).