Jane B. par Agnès V.

De bric et de broc.

Ma dilection pour les films d’Agnès Varda n’est pas dépourvue de lucidité ; la dame de la rue Daguerre a beaucoup tourné, a tourné beaucoup de bêtises insignifiantes, a cru pouvoir présenter au monde des tas de merveilles et des tas de physionomies superbes. Qu’elle s’attache là à la sympathique Jane Birkin, qui vient de quitter notre vallée de larmes, fait partie des trucs assez intéressants qui donnent au spectateur un peu de gentillesse, un peu d’empathie vis-à-vis d’une femme qui a plus ou moins compté dans les dernières années.

Suite de saynètes insignifiantes, accumulation de séquences montées de bric et de broc, de collages bâtis sans continuité, sans pertinence, Jane B. par Agnès B. tente de dresser un portrait nouveau de cette actrice/chanteuse qui a plutôt irrigué l’imaginaire des spectateurs du siècle dernier.

Agnès Varda, qui a réalisé à peu près tout et n’importe quoi, des films superbes, des documentaires formidables, se lance là dans une sorte de biographie fantaisiste, où Jane Birkin raconte, sans continuité, ni cohérence, par des vignettes récupérées un peu partout sa drôle de vie. Images d’enfance, d’adolescence, des rencontres et des enfants qui viennent. Kate Barry, Charlotte GainsbourgLou Doillon. Assez peu d’images, au demeurant, avec celui qui fut le seul vrai, le seul grand, le seul important homme de sa vie, Serge Gainsbourg. Il se trouve que Varda ne veut pas enfermer Birkin dans cette histoire profonde et qu’elle veut la faire éclore simplement en femme autonome. Ben oui, mais ce n’est pas comme ça qu’on vu Jane, ni qu’elle a existé : elle n’a eu d’image que par rapport aux hommes de sa vie, actrice sans grande qualité, chanteuse exclusivement portée par les mélodies de son Pygmalion, c’est-dire évidemment Gainsbourg.

Comme Agnès Varda, dans un mauvais, ridicule esprit féministe, ne veut pas voir que son sujet n’existe que parce que, précisément, Jane a été un sujet – ou même un objet – et qu’elle veut lui donner de l’importance, elle bavarde interminablement ; elle bâtit autour du personnage, des saynètes sans aucun intérêt, avec Philippe Léotard, avec Jean-Pierre Léaud, avec Farid Chopel, avec Alain Souchon… On a l’impression – et même la certitude – que la réalisatrice tire à la ligne, ne sait pas trop quoi faire avec son personnage.

D’ailleurs on s’en fiche un peu. Si sympathique et même charmante que puisse être Jane Birkin, on ne se trouve tout de même pas en face d’une de ces grandes légendes du cinéma (ou de la chanson) qui demeurent et demeureront. Icône d’une époque, sans doute, guère davantage.

Mais ce n’est déjà pas mal. Requiescat in pace. Qu’elle repose en paix.

 

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