Là-haut

Le magasin des rêves.

Comme nos petits-enfants nous avaient été confiés hier soir nous avons regardé Là-haut. Plus spontanément et sans le genre de contraintes lorsqu’un petit garçon de 4 ans (presque et demi) et une plus grande fille, se réfugient tendrement dans vos bras, j’aurais assurément regardé autre chose. Un truc un peu sanglant, ou un peu décalé, ou un peu glauque : mes goûts habituels, quoi… Mais là, j’étais bien contraint par la configuration familiale de me plonger dans un dessin animé. Et lorsque j’écris dessin animé, je me réfère à ceux que j’ai vus, émerveillé, lorsque j’avais l’âge de mes petits : Blanche NeigeCendrillonLa belle au bois dormant.

Ce sont bien les Studios Disney, via l’intelligente, innovante société Pixar qui présentent Là-haut. Je ne dirais pas que je passerais mes journées à admirer ces films-là, pas davantage que les films japonais du Studio Ghibli et des rêveries poétiques de Hayao Miyazaki. Il y a bien longtemps que je n’ai plus dix ans (et je ne suis pas certain de le regretter). Mais je trouve qu’il y a du charme, de la poésie, même de l’agrément dans une histoire jolie et originale, extrêmement bien mise en images et qui a juste fait assez peur à mon petit-fils pour qu’il vienne se protéger dans mes bras (quel bonheur !).

De la poésie, donc. Et l’appel à des sentiments d’une grande noblesse : l’amour conjugal, la tristesse de la solitude infligée par la mort de l’être chéri, la nostalgie des belles années passées ; et peut-être donc aussi la fierté et la détermination d’un jeune scout guère malin, mais honnête et courageux, partant pour une aventure incroyable. Amour, fidélité, souvenance, courage : voilà des vertus que l’on est bien content de voir célébrées à l’heure où ces vertus sont moquées, vilipendées, méprisées, puisque n’existe que la glorification de l’individu.

La féérie, la fantasmagorie sont magnifiquement mises en images. Dévasté par son veuvage et les échecs de sa vie Carl Fredricksen s’est enfermé, acariâtre et nostalgique, dans sa vieille petite maison, emplie de souvenirs de sa femme Ellie. Autour de lui, l’urbanisation gagne : on pourrait presque évoquer, à un moment donné la situation que vit Julien Bouin (Jean Gabin) avec sa maison de Courbevoie, cernée par les tours de La Défense dans Le chat de Pierre Granier-Deferre en 1971.

Le vieillard est tout prêt d’être interné dans un EPHAD ; mais il se rebiffe : ancien marchand de ballons, il en a relié sa maison à une kyrielle qui, libérés, le tirent vers le ciel et l’entrainent dans un voyage fantastique. Ah ! Au fait, il ne part pas seul : il emmène avec lui le jeune Russel, scout méthodique, qui attend de recevoir le badge qui lui manque : l’aide à une personne âgée. Et les voilà partis vers l’Amérique du Sud, les terres du Brésil qui abritent les chutes du Paradis, sorte de thébaïde que sa femme Ellie et lui avaient rêvé de découvrir jadis.

Carl et Russel vont connaître là-bas bien des aventures et des dangers, rencontrer des amis magiques quoiqu’exotiques et lutter contre les entreprises de l’aventurier Charles Muntz, idole de Karl dans sa jeunesse, en fait sale type orgueilleux, cruel et insupportable. Voilà que surviennent des tas de péripéties bien spectaculaires où le spectateur attentif frémit devant la vivacité des cabrioles.

Tout se termine au mieux, évidemment. Le méchant Charles Muntz est finalement précipité dans l’abîme, les excellents Carl et Russel seront célébrés comme il sied.

Tout cela est naïf mais très bien fait. Et les enfants se sont régalés, ce qui est le plus important !

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