« Nous n’avons plus beaucoup de temps pour nous battre pour nos idéaux ».
Bien que je n’aie pas pour le western des yeux bien complaisants, j’ai regardé La révolte des dieux rouges et j’ai trouvé, cette après-midi ce film solide et jamais ennuyeux, presque aussi intéressant qu’il l’était dans mon très ancien souvenir, même si le massacre final est un peu trop indifférencié et que les huit protagonistes principaux y sont hachés menu sans qu’on puisse vraiment les identifier individuellement (comme on le fait, par exemple dans Les sept mercenaires ou Les douze salopards).
Très beau Noir et Blanc, paysages (du Nouveau-Mexique) à couper le souffle dans leur aridité et leur caractère spectaculaire, intrigue resserrée et intelligente, acteurs qui paraissent croire à l’histoire qui est contée….
Surtout western (de série B, évidemment) tourné en 1950 dans un état d’esprit assez sympathique, à mes yeux, de réconciliation entre Nordistes et Sudistes (à la fin, les premiers rendent aux seconds, massacrés par les Indiens, un hommage qui m’a paru noble et bienvenu), mais aussi un complet manichéisme, lesdits Indiens apparaissant sans grandes nuances comme de sauvages tueurs.
Le sentiment de culpabilité actuel de l’Homme occidental nous fait considérer aujourd’hui avec quelque surprise ce récit clairement marqué, mais, quoi qu’on en pense, et à l’heure des plaies grattées jusqu’à l’infini, et des repentances généralisées, il est au moins anthropologiquement intéressant de regarder un film qui, avec une absolue bonne conscience, donne un regard univoque.
Ceci n’est pas (seulement) une provocation : l’anachronisme historique réside moins dans les détails d’uniforme ou les ellipses chronologiques que dans le refus de percevoir la différence des états d’esprit.
Dans La révolte des dieux rouges, les huit confédérés conduits par le capitaine Lafe Barstow (Errol Flynn) ne sont pas des Sudistes esclavagistes, buveurs de sang noir, mais des types d’origine et d’âges variés, planteur d’Alabama, commerçant de Louisiane, patricien de Virginie ; on se focalise moins sur les Nordistes ; on n’identifie même guère que le Lieutenant Rickey (Scott Forbes) mais on voit bien qu’il y a là de solides habitants des États industriels du Minnesota ou de l’Illinois et que le conflit naît de deux conceptions peu conciliables, l’une agraire, pastorale et littéraire, l’autre urbaine, manufacturière et financière…
D’emblée, on sait que l’entreprise confiée à Barstow par Lee, généralissime des armées sudistes, qui est dans une situation désespérée, de fomenter une diversion vers l’Ouest californien, diversion qui pourrait desserrer le nœud coulant qui l’étrangle, est vouée à l’échec : ceux qui mènent l’aventure n’y croient qu’à peine, ce qui leur donne, à l’heure de mourir, pour sauver, dans un bel esprit chevaleresque, la jeune fiancée nordiste, assez belle allure… On n’a fait que repousser l’échéance, c’était notre destin dit à ses hommes le capitaine Barstow avant d’entraîner les Indiens Shoshones loin de la jeune femme qu’il sauve et pour qui il se sacrifie avec élégance.
C’est donc un film qui a de la tenue, et même une certaine hauteur ; de la belle ouvrage, avec des dialogues de qualité, des images superbes, et des héros positifs.
L’édition (collection FNAC cinéma) est impeccable et les suppléments tous plus intéressants les uns que les autres…