À nous les petites Anglaises

Les vacances pour toujours !

C’est le genre de film qu’il ne me viendrait pas à l’idée d’acheter, alors que j’acquiers à peu près tout et n’importe quoi, mais qu’il ne me viendrait pas non plus à l’idée de ne pas regarder, au moins par bribes, dès qu’il passe à la télévision, ce qui est assez rituel, compte tenu de la multiplicité des stations et de l’indigence des programmes estivaux.

Pour qui a connu ces vacances à prétexte studieux à l’étranger, en Angleterre ou en Allemagne, de ces années-là, c’est extraordinairement ressemblant et typé, non seulement dans les musiques jouées (Lollipop, When ou The great pretender), mais aussi dans la dégaine, les mentalités, les ballades grisâtres sans autre but que passer le temps (c’est-à-dire trouver des filles ou séduire les garçons), avec des condisciples provisoires, dans une petite ville où, au bout de quelques jours, tout le monde sait qui est qui, où l’on est reçu dans une famille d’accueil indifférente ou, au contraire, envahissante et enquiquinante…

Il va de soi que ce dont le film parle ne concerne que ces années-là, avant les voyages au bout du monde, les séjours linguistiques sophistiqués et Erasmus ; vacances d’avant la pilule, où les filles se laissaient poser les lèvres sur la bouche, mais guère davantage et où on se refilait comme des trésors celles qui faisaient les seins ; pour aller plus loin, il fallait avoir engagé une histoire un peu plus sérieuse ou être tombé sur une gourgandine particulièrement délurée…

Et donc on retrouve dans A nous les petites Anglaises une autre facette de ce que Pascal Thomas a exprimé avec plus de talent dans Les zozos ou dans Pleure pas la bouche pleine : les surboums et leurs laissées pour compte, les mecs qui ne dansent pas (sauf les slows), les 2 CV bondées et zigzagantes, les costumes en tergal, et les cravates étroites, les farces idiotes (la bouteille de coca-cola fichée et… dressée dans le pantalon), les chansons paillardes, entonnées à pleine voix par des puceaux et pucelles qui se donnent l’émotion de dire des mots crus ; et cela, qui se passait aussi en France, avec le charme supplémentaire de l’exotisme…

Angleterre des filles laides, des gelées multicolores, des pierces désolants, des voyous (qui se partageaient en mods et en rockers ; là ce sont des mods), des fausses réputations mutuelles (selon le point de vue, ce sont les Anglaises ou les Françaises qui couchent ; en fait, ce sont les Suédoises ; voir encore les merveilleux Zozos) ; moi qui ai connu l’Allemagne de juillet, j’aurais mis les Bierfest et les dégustations de saucisses à toute heure…

Singulièrement, aucun des acteurs du film n’a fait de carrière significative, à part, un tout petit peu Sophie Barjac, qui s’est vite repliée sur la télévision ; mais on peut dire à peu près la même chose des deux films de Pascal Thomas que j’évoque plus haut : sans doute ces jeunes gens correspondaient-ils trop à l’époque recréée pour qu’ils puissent vraiment évoluer…

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