Léon

Bibi Fricotin, tueur new-yorkais.

Le meilleur (ou devrait-on dire le moins mauvais ?) film du faiseur de fric Luc Besson se laisse encore regarder sans déplaisir, malgré le jeu monochrome de Jean Reno, l’outrance grimacière de Gary Oldman et les petites mines de Natalie Portman (qui, je suppose, a dû grandir depuis lors).

On se laisse prendre sans ennui à cette invraisemblable histoire de tueur professionnel dont on se demande avec amusement s’il est demi-débile (son illettrisme, la confiance niaise qu’il met dans son parrain, franche crapule qui le spolie) ou génial (l’inventivité invraisemblable qu’il met à se sortir des situations les plus dangereuses)…

Il faut regarder cela sans avoir en tête le moindre souci de cohérence, un soir où l’on a la paresseuse envie de voir de gros flingues, des explosions photogéniques et des sentiments bruts de décoffrage, où l’on ne craint pas les gros effets fleur bleue pour le public de banlieue (Léon qui fait rire Mathilda avec une marionnette en forme de Peggy-la-cochonne), pas davantage que l’incroyable amoralisme des protagonistes…

C’est assez souvent parfaitement ridicule (Mathilda qui danse en imitant Madonna, Marilyn Monroe, Charlot ou Gene Kelly, le dialogue aux toilettes entre Mathilda et le vilain policier corrompu Stansfield), continuellement tiré par les cheveux (Mathilda qui, dans l’appartement dévasté de ses parents assassinés apprend, par un coup de hasard qui est vraiment Stansfield, la vie terne de Léon, dans un appartement minable, alors que c’est un virtuose de la gâchette très bien payé – si Alain DelonLe Samouraï – vit relativement modestement, Philippe Noiret, dans Max & Jérémie sait profiter d’une existence cossue…

Assez ridicule, à mes yeux, et marqué par cette lassante violence spectaculaire qui fait florès, mais – pour les mêmes raisons – assez efficace : il y a des jours où l’on a envie de lire Bibi Fricotin plutôt qu’autre chose…

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