Brave petite comédie
Tout ce qu’il y a dans ce film gentillet, c’est-à-dire pas grand chose, sinon des numéros d’acteurs à la bonne trogne connue, une plongée dans un Paris bien lointain et une France presque disparue, finit par constituer un bon spectacle de samedi soir, en somme.
La situation présentée n’est d’ailleurs pas si antédiluvienne que ça, c’est-à-dire la réticence des bourgeois propriétaires de l’immeuble à voir leur fils – Louis Velle – qui termine sa médecine s’acoquiner avec la charmante fille – Etchika Choureau – des concierges, Michel Simon et Gaby Morlay. Croit-on que la situation serait différente aujourd’hui ?
En fait, si, elle le serait : il n’y a plus de concierges et la répartition sociale ne se fait plus verticalement (l’immeuble étant de moins en moins chic au fur et à mesure que l’on gravit les étages) mais horizontalement (les quartiers se communautarisant, en quelque sorte) ; j’ai déjà évoqué cette évolution sociologique sur je ne sais plus quel fil, Pot-Bouille ou Papa, Maman, la bonne et moi, ou les deux, peut-être.
Ce dernier film est d’ailleurs de la même année que L’Impossible Monsieur Pipelet et réunit aussi Gaby Morlay et Louis de Funès ; il me paraît nettement, très nettement moins superficiel ; il est vrai que l’histoire contée est plus homogène…
Cela étant, une remarque plus générale : il y a quelques mois paraissait, chez le sinistre René Château l’admirable Un revenant de Christian-Jaque (tiens, avec Gaby Morlay aussi; comme c’est bizarre !) ; nous avons été nombreux à dire notre indignation de la médiocrité honteuse du produit présenté, flou, rayé, inaudible quelquefois. Et Un revenant est un grand film.
Lorsque Pathé présente, dans une copie restaurée, avec le choix d’un son Dolby 5.1 et 2.0 plus un sous-titrage pour sourds et malentendants, un film aussi gentiment insignifiant que L’Impossible Monsieur Pipelet, on est fondé à se demander si on ne marche pas sur la tête.
Il est vrai que cette collection Pathé est de bonne venue, et vient de rééditer Boudu sauvé des eaux, Les portes de la nuit ou Les disparus de Saint-Agil précédemment massacrés chez Château. Mais ne devrait-il pas se consacrer aux bons et grands films, laissant précisément à Château des bluettes comme ce Pipelet-là, sans souci, ni vertu majeurs ?
Vaste programme !