Brillant exercice de style
La colline a des yeux originelle ne m’a pas laissé grand souvenir ; j’en avais trouvé le rythme lent, presque poussif, et les moyens vraiment trop limités ; seul le titre – superbe ! – m’avait d’ailleurs incité à regarder le film de Wes Craven ; la nouvelle adaptation d’Alexandre Aja est beaucoup plus brillante, percutante, efficace, surtout durant les deux premiers tiers du film ; la fin, inutilement gore (donc risible, dans une certaine mesure : on a envie de crier olé ! à chaque étripage) pêche précisément par l’accumulation de l’évidence des séquences… Même la dernière image, qu’on pourrait appeler La colline a ENCORE des yeux, est forcément prévisible…
Et puis le côté politiquement correct (méchants Pouvoirs publics, méchants expérimentateurs du nucléaire, gentils mineurs mutants poussés à l’immondice de leur condition par la vilaine Société) m’exaspère de plus en plus ; c’est comme ces Origines du mal où l’on explique la délicieuse folie d’Hannibal Lecter par le contact avec des tortionnaires nazis.
Pour clôturer ce chapitre, je remarque l’extrême qualité et le caractère angoissant des sons, eux-mêmes facteurs d’effroi.
Ainsi lorsque Big Bob (Ted Levine), après l’accident suscité par la famille mutante revient, pour chercher du secours, dans la vieille station-service y a-t-il autour de lui tout un capharnaüm de bruits étranges et de voix… : avec les silhouettes qui passent en un clin d’œil sur l’écran, nous avertissant, nous, spectateurs de l’imminence du danger sans que nous puissions bien l’identifier, ces frissons glaçants sont autrement plus terrifiants que les inutiles cruautés gore de la fin…