Bain de sang
Appelant de tous ses vœux une édition du film de Robert Enrico, La Révolution Francaise, un quidam a écrit quelque part un plaidoyer sanguinolent. Ce quidam s’affublait du doux nom de Rebelle83 ; il souffrira que je cite son mot dans son intégralité :
La république bananière dans laquelle nous sommes oublie et renie même son passé. Une république qui entend donner des leçons de démocratie et de mémoire au monde oublie volontairement sa propre histoire.
Pour le reste, les intérêts commerciaux quant à l’édition en DVD de ce film semble avoir été étudiée par les producteurs et bien évidemment ceux ci ont jugé que le jeu n’en valait pas la chandelle. Les pouvoirs publics dit » culturels » se foutent aussi « royalement » de ce passage de notre histoire qui semble-t-il dérange..
Sinon, ce film est un pur chef d’œuvre, malgré son côté dantoniste et qui montre un Capet débonnaire en oubliant certains massacres ordonnés par ce roi.
De plus, il reflète bien l’esprit thermidorien qui règne encore de nos jours. Car décrire Robespierre comme un tyran est bien l’héritage des fripons de Thermidor… Quoiqu’il en soit, ce film est grandiose malgré tout, mais sa sortie en DVD est bien incertaine pour ne pas dire impossible.
Une pétition? Le temps des pétitions qui étaient entendues et respectées par les décisionnaires s’est achevé en 1794 ce soir tragique du 10 Thermidor…
Salut et Fraternité..
À ce monument de sottise, j’ai répondu que Robespierre n’était pas un tyran, bien sûr…
Pire : un serial killer…
Ce à quoi l’autre crétin a rétorqué qu’il me fallait « m’instruire »
D’où ma réponse :
Je n’entrerai pas dans le débat politique, mais je dirai juste un mot : la plupart des historiens conviennent aujourd’hui que le terrible bilan de l’action de Robespierre et de ses complices préfigure les génocides du 20ème siècle : 110.000 personnes (y compris les femmes et les enfants) massacrées en Vendée (les instructions sont claires : il faut tuer les enfants au berceau et surtout ne pas oublier d’éventrer les femmes enceintes), 500 000 personnes emprisonnées à Paris (dont bon nombre assassinées durant les sympathiques Massacres de Septembre : allez donc voir, rue de Vaugirard, les caves de l’ancien Séminaire des Carmes : les traces de sang des crânes éclatés sont encore présentes sur les murs), plus de 15.ooo guillotinés…
Et puis des phrases délicieuses du genre « Nous ferons de la France un cimetière plutôt que de ne pas la régénérer à notre façon » (c’est de Carrier – voyez ou revoyez Les mariés de l’an II de Rappeneau : les cadavres aux mains coupées qui flottent sur la Loire…) – ou bien les mots de Westermann : »Il n’y a plus de Vendée, elle est morte sous notre sabre libre. J’ai écrasé les enfants sous les pieds de mes chevaux, massacré les femmes qui n’enfanteront plus de brigands. Je n’ai pas de prisonnier à me reprocher. J’ai tout exterminé« . Selon vous, c’est une licence poétique, le langage fleuri et larmoyant du 18ème siècle ?
Ne pas admettre que Robespierre est un des pires monstres de l’Histoire me paraît aussi vain que de prétendre qu’Adolf Hitler n’était qu’un honnête artiste peintre tout triste de n’avoir pas réussi et Pol Pot un écologiste qui envoyait les gens à la campagne pour qu’ils prennent le bon air.
Vous semblez présenter Robespierre comme un doux illuminé, tendre et rêveur, dépassé par la férocité de ceux qui l’entourent ; le genre de type à l’âme pure, totalement impuissant devant la malfaisance de ceux qui s’abritent derrière son aura de premier de la classe, de chouchou des professeurs. En gros, il avait de mauvais camarades.
Fort bien ! Je vous entends ! C’est donc un niquedouille impuissant dont on se demande pourquoi on a baptisé de son nom une station de métro.
Finalement, Robespierre n’existait pas.
Merci de me l’avoir appris.
On trouvera bien un jour des historiens pour affirmer qu’Hitler était le jouet d’Heydrich et qu’il gourmandait sèchement Eichmann quand celui-ci mettait trop de zèle à exécuter des ordres pourtant bienveillants.
Et puis, j’y reviens : si votre ami le tyran était dépassé par les événements et ne savait plus où donner de la tête pour rattraper les cruautés de ses envoyés spéciaux, c’était une crêpe et on a bien tort d’en rappeler le souvenir…
Quant à Saint-Just préparant un discours demandant un « ralentissement » de la Terreur, il me fait penser à Tariq Ramadan qui indique que la lapidation des femmes adultères doit être, pour l’instant, suspendue…