Septentrion

108099559_oLes combats perdus.

Allégresse, goût de la provocation, pessimisme : trois traits capitaux de la Droite éternelle… Septentrion est le récit de la fuite vers un Nord mythique de trente cinq opposants à la dictature insidieuse qui s’est enfin emparée d’un paisible Royaume. Un Royaume qui, bien que fortement gangrené, résistait encore à la marée massificatrice : la révolution s’est faite sans violence, sans effusion de sang : le prurit égalitaire a gagné peu à peu toutes les consciences, a subverti toutes les intelligences, a imposé son voile gris à toutes les différences….

Seuls les trente-cinq fugitifs, protégés par on ne sait quelles immunités, ont refusé de s’intégrer. Ils sont partis. Pour ne plus revenir. Sans espoir, mais non sans courage, sans illusions, mais non sans volonté de se battre.

Dans le train qui s’enfonce vers le Nord, il y a tout le merveilleux microcosme des sociétés encore triomphales : dragons et hussards aux uniformes chamarrés, coureurs des bois, prostituées grandioses, domestiques stylés, femmes et enfants, prêtre païen et mystique, scribe (le narrateur), tout cela sous la conduite d’un aventurier flamboyant qui (tel Jean Raspail lui-même) se passionne pour les peuples disparus.

Grâce à un subterfuge littéraire qui rend terriblement nerveuse la course du roman, et qui postule la relativité du Temps, on assiste parallèlement au passé, au présent et à l’avenir, c’est-à-dire aux causes de l’événement, à son déroulement et à ses conséquences. Grand art de l’écriture grâce à un style qui n’est clinquant, ni sec, ni enjolivé, ni terne, mais adapté à cet univers de nostalgie et qui entraîne avec efficacité à la suite de ce train de féérie.

Fidélité aux traditions hautaines, tristesse des fins d’époque, goût des gestes beaux et inutiles, nostalgie d’un monde enfoui, amour des causes perdues, hiver éparpillé aux quatre coins de la vieille Europe…

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