Le Pacha

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Délicieusement poujadiste

Je ne qualifierais pas la ravissante Dany Carrel d‘aristocratique ; son frais minois, son nez mutin, ses seins pointus me paraissent l’avoir confinée dans des rôles de soubrettes piquantes, de petite peste (Des gens sans importance), de fille légère (Les grandes manœuvres), de gamine déjà rouée et prête à se vendre (Pot-Bouille) et, naturellement de jolie pute (La petite vertu) comme dans ce Pacha, où elle a, avec André Pousse un des échanges les plus gigantesques dans le culot et la superbe outrance qu’Audiard ait jamais écrit :

J’ai des envies de voyage. L’Océanie, Bora-Bora, les vahinés… Tu connais ?
Pourquoi ? Tu veux m’emmener ?
On n’emmène pas des saucisses quand on va à Francfort !.

Grandiose, non ?

Revu un de ces soirs de flemme (de plus en plus nombreux, j’admets !), où l’on n’a guère envie que de jubiler devant un film, des personnages, des situations archiconnus, Le Pacha m’a un peu déçu, sans doute parce que ce soir-là, précisément, je n’avais pas envie pour autant de caricatures.

La caricature, c’est un art mineur, mais un grand art tout de même, quand il se conjugue à l’esprit de Daumier, de Forain, de Sennep ou de Plantu, mais il y a un moment où l’outrance nécessaire du genre agace un peu.

Et Le Pacha, c’est vraiment archétypique, collectionneur de poncifs, stupéfiant d’excès… D’un autre côté, c’est ça qui en fait le prix, me dira-t-on, et on n’aura pas tort…

Le-Pacha_portrait_w858Gabin tourne un de ces délicieux films réactionnaires et poujadistes où il excellait, un film où les truands ne méritent que de recevoir une balle en plein buffet, sans sommation, ni vergogne et moins encore d’états d’âme (La horse n’est pas mal non plus dans le genre), un de ces films anti-68, où le malfrat n’est pas justifié dans sa malfaisance par on ne sait quel apitoiement, où il y a, d’un côté les braves gens – et leurs défenseurs naturels, les flics – de l’autre les voyous, à qui ne viendrait pas une minute l’idée d’invoquer les Droits de l’Homme quand la Société s’en débarrasse. C’est une société de mecs, chacun dans son rôle…

Un peu sommaire, ceci ? J’en conviens si volontiers que je baisse ma note…

Demeurent le frais minois de Dany Carrel, la bande originale de Serge Gainsbourg (sublissime !), Jean Gabin, massif comme rarement et le Paris clinquant d’années enfuies…

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