Le Hobbit : la désolation de Smaug

Hélas, ce n’est que le deuxième !

Après avoir vu le premier volet de la trilogie que Peter Jackson a consacrée à Bilbo le hobbit, j’écrivais que j’espérais qu‘au bout des trois épisodes annoncés jusqu’en 2014 les choses se mettraient en place et que nous suivrions avec la même intensité les aventures de la troupe (des Nains) et celles de la Communauté (dois-je rappeler que l’histoire de Bilbo se passe plusieurs années avant les aventures relatées dans La communauté de l’anneau ?).

Eh non, ça ne se met pas du tout en place et ça ne s’arrange pas le moins du monde. Comment pourrais-je faire autrement que renvoyer ceux qui s’intéressent à ce genre de spectacle, qui n’est pas plus du cinéma que l’est Gravity, à mon avis de l’année dernière ? Inflation des images-choc, accumulation d’effets spéciaux sans autre justification que de faire hurler les haut-parleurs Dolby à vous défoncer les tympans et de vous envoyer dans les yeux tous les pixels possibles, insignifiance de l’intrigue, scènes d’action étirées au delà du raisonnable ?

Voilà, c’est fait : le spectaculaire a tué le spectacle, mais s’est, en même temps, acculé à une sorte de suicide puisqu’on reste à s’enquiquiner férocement devant les poursuites, les chutes, les sursauts, les rétablissements, les effondrements, les basculements, les attaques, les défenses, les araignées géantes, les orques à trognes patibulaires, l’immensité des gouffres, le superbe étagement des escaliers elfiques et tout le tremblement…

Benedict_Cumberbatch_as_Smaug.jpgÀ force de courir toujours plus vite, on finit par atteindre une limite, visuelle, auditive et – si je puis dire – intellectuelle : on est gavé, saturé, farci, bourré d’images qui partent en tout sens. Et les quelques séquences qui donnent la part belle aux paysages superbes de Nouvelle-Zélande ne suffisent pas à satisfaire le spectateur ; celui-ci a pris la mesure de l’hystérie dégagée et ne bouge plus que lorsqu’une originalité extrême lui est proposée. Les réactions de la salle où j’étais, hier, étaient symptomatiques : le public, composé exclusivement de jeunes gens et où ma femme et moi composions une tâche vieillarde, attendait sagement que l’on passe d’un épisode à l’autre, sans émotion, sans réaction, sans effroi et sans volupté.

Je crains que le cinéma ne soit engagé sur de mauvais rails ; mais il est vrai que je crie dans ce désert-là depuis pas mal d’années. Après tout, le cinéma aura tout de même été l’art nouveau du siècle passé ; c’est déjà ça.

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