Les vieux de la vieille

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Vieilles ganaches !

Je ne partage pas le goût de beaucoup pour Les vieux de la vieille où trois immenses acteurs du cinéma français, Gabin, Fresnay et Noël-Noël se livrent à d’attristantes pitreries sans jamais donner la moindre impression de réalité ; c’est une campagne fausse, égrillarde et ridicule que Grangier, honnête artisan d’ordinaire mieux inspiré met en scène (?). Est-ce que les farces paysannes ne sont pas un genre totalement désuet depuis la fin du 17ème siècle ?

J’attends les protestations effarées !

Dans le réalisme,  il y a, sinon des degrés, du moins des vraisemblances : le film de genre du type Le cave se rebiffe appuyé sur des truands de pacotille, faux-monnayeurs, anciens tenanciers de clandés, avocats véreux est, naturellement parfaitement irréaliste : les vrais truands n’ont jamais été comme ça : le dernier film de Frédéric Schoendoerffer qui est sorti hier sur les écrans, qui s’appelle Truands (que je n’ai pas encore vu mais dont je lis les critiques, assez positives) montre des bêtes fauves (comme 36 Quai des Orfèvres), des sadiques assassins, des tortionnaires veules et méprisables et ce n’est que dans une mythologie où se rejoignent héros de Becker (Touchez pas au grisbi !) ou de Melville (Le doulos) que la pègre est loyale et prudente et ménage la vie des innocents et dans les parodies de Lautner (Les tontons flingueurs) de Verneuil (Cent mille dollars au soleil) ou, donc, de Grangier que l’on trouve les trognes de Blier ou de Dalban et les mots d’Audiard.

En gros, on sait bien que monde n’existe pas ; ou plutôt n’existe pas comme ça.

En revanche quand, en 1960 on filme une campagne où vivait encore, à l’époque, le quart de la population française, on se doit à un peu plus de respect de ce que connaissent vraiment, de l’intérieur, les spectateurs. Je ne dis pas, d’ailleurs, que la campagne présentée est fausse : mais , de la fable gentiment anarchisante de René Fallet, il ne reste pas la verve philosophique et ironique, mais seulement le squelette anecdotique.

Et c’est là qu’on a de la peine pour ces acteurs magnifiques qui se livrent à un concours de niaiseries patoisantes

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