Le cheik blanc

Clownerie sans intérêt.

J’avais bien tort de me fier à un souvenir très ancien (un passage à la télévision il y a plus de trente ans) pour porter en haute estime ce premier film de Fellini, presque aussi foutraque, hétéroclite et mal maîtrisé que la plupart de ses autres réalisations ; mais je note que quelque chose en moi, la partie reptilienne de mon cerveau ou une monition divine (au choix) m’a interdit d’acquérir le DVD aux temps où j’en achetais des kyrielles : voilà une économie bienvenue.

Bien sûr, ça n’est pas tout à fait négligeable et le scénario serait même assez intéressant de ce jeune couple en lune de miel qui, à peine arrivé à Rome  manque d’éclater mais sort renforcé de l’aventure. Tout cela parce que, alors que le mari, Ivan Cavalli (Leopoldo Trieste) garçon coincé et respectable, doté d’une famille de même métal ne songe qu’à l’audience pontificale qui aura lieu le lendemain, la jeune épouse, Wanda (Brunella Bovo) rêve de rencontrer son idole, Fernando Rivoli (Alberto Sordi), le Cheik blanc d’un roman-photo populaire.

3308210Naturellement, au lieu d’être un héros bienveillant et courageux à noble caractère, Rivoli se révélera être un pitre couard et vulgaire. Tout finira bien, après mille péripéties malheureusement assez prévisibles.

J’ai eu la sévère impression, durant les trois quarts du film que Fellini traitait ses personnages comme des clowns, les faisant surjouer, rouler les yeux, prendre des mines, cavalcader comme si l’on était aux vieux temps du muet. L’intrigue, qui aurait mérité à la fois une précision horlogère et un peu de bienveillance avec les personnages, ennuie sérieusement une fois qu’elle est posée et se traîne pesamment. On ne sent pas même le bout de pathétique qu’il n’était pas si difficile que ça de faire apparaître, le côté miroir aux alouettes, la déception qu’on conservera toute une vie… Ce qu’auraient su très bien traiter les maîtres de la comédie à l’italienne qui, Dieu merci, n’a plus que quelques années à se faire attendre…

… Et où on retrouvera souvent le génie d’acteur d’Alberto Sordi, seule satisfaction du Cheik blanc, malheureusement trop peu employé pour hausser le film de Fellini à une note simplement moyenne.

 

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