Adaptation

Mais quel ennui !

Une impression finale catastrophique, faite de chichi, de boursouflure et de prétention. Les infinis méandres du scénario, qui se veulent représentations cinématographiques de performances littéraires (elles-mêmes généralement peu convaincantes) laissent un curieux sentiment de malaise et de désenchantement sur l’avenir du cinéma hollywoodien, peut-être du cinéma tout court.

On a l’impression que ce genre de film est un exercice de style proposé à des étudiants doués d’écoles de cinéma, d’ateliers de cinéma, comme il existe des ateliers d’écriture qui vous enseignent, par des procédés efficaces à donner parfums, couleurs et péripéties à vos narrations, sans jamais, ça va de soi, vous insuffler le moindre génie narratif, ni même le moindre style.

Les vingt premières minutes sont supportables : on peut s’imaginer qu’on va se glisser dans une comédie de mœurs plaisante, sinon renversante d’originalité : on s’amuse devant le personnage du chasseur d’orchidées rares John Laroche (Chris Cooper) qui pille les réserves naturelles, mais ne peut être incriminé par la police parce qu’il prend la précaution d’utiliser, pour sa cueillette, des Indiens Séminoles, eux-mêmes protégés par la mauvaise conscience floridienne et insusceptibles d’être poursuivis. Mais ça s’arrête là et, au fur et à mesure que se greffent intrigues complexes et retours en arrière sophistiqués, on s’ennuie fermement.

Angoisse de la page blanche ressentie par Charlie Kaufmann (Nicolas Cage) et, parallèlement, utilisation par son frère jumeau Donald des recettes les plus éculées et les plus triviales pour monter un scénario à succès, histoires sentimentales complètement zazoues où figure l’éternelle silhouette empesée de Meryl Streep (qui m’horripile depuis l’épouvantable Out of Africa), aussi crédible dans la séduction qu’une huître sur un barbecue, perte de sens réactions idiotes… Et Nicolas Cage qui en rajoute dans le sourcil inquiet, bien loin du personnage dingue et fascinant qu’il fut dans Sailor et Lula, mais il est vrai que David Lynch était aux commandes.

Un des deux seuls bon moments de la fin est l’attaque de John Laroche par un gigantesque alligator : c’est bref et bien filmé. L’autre bon moment est l’instant où, précisément, apparaît le mot Fin sur l’écran. C’est maigre !


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