Il y a deux aspects excellents dans ce film de Bruno Podalydès, extrêmement louangé par les critiques du Monde et de Libération, un peu moins par d’autres qui ont jugé que la seconde partie s’encalminait ou, plutôt, tournait un peu en rond faute de détermination.
Deux choses. D’abord la grande qualité des acteurs : j’ai peu de souvenir de films récents où la totalité de la distribution, qui n’est pas maigre, est de cet excellent niveau, d’un degré particulièrement homogène. Se distinguent, naturellement, ceux qui sont le plus souvent à l’écran, Denis Podalydès, Valérie Lemercier et Isabelle Candelier ; mais les autres, tous les autres, qu’il soient seconds rôles (Catherine Hiegel, Michel Vuillermoz, Pierre Arditi) ou simples apparitions (Judith Magre, Michel Robin) sont au meilleur rang, drôles, chaleureux, inquiétants, incongrus, attachants selon leur personnage.
Les dialogues sont remarquables, émaillés de traits farfelus, spirituels, incongrus, décontenançants… La salle où j’ai vu le film bourdonnait de rire et, si je puis dire, de rires de qualité, bien venus, aux bons moments, sans graisse excédentaire…
C’est que – et c’est la seconde grande qualité du film – toute l’atmosphère du film, tout son climat est une moquerie : le business de la mort et, accessoirement, notre camarade Alzheimer et les hospices de vieillards. On me dira que ces sujets ne sont pas rarement traités au cinéma ; sans doute, mais je ne me souviens pas les avoir vus mis en scène sans mièvrerie compassionnelle ou, au contraire sans cynisme grinçant. Il n’y a pas d’aigreur, ni de caramel mou, dans Adieu Berthe ; la mort est, c’est tout. Et le gâtisme (irrésistible Arditi, soit dit en passant) est aussi. Et les pensionnaires des hospices, qu’ils soient encore vigoureux ou déjà infantiles, sont, eux aussi. Il n’y a pas lieu de pleurnicher, ni de ricaner… Ca, c’est très bien.
Moins convaincante, un peu plus lourde, même si elle fournit une des trames du film, est l’intrigue sentimentale : Armand (Denis Podalydès), partagé entre sa maîtresse Alix (Valérie Lemercier) et sa femme (Isabelle Candelier), ne se résout pas, pendant longtemps à choisir entre l’une et l’autre, pas plus qu’il ne choisit pour les funérailles de sa grand-mère Berthe, entre inhumation et crémation, entre les deux entreprises de pompes funèbres, etc. Disons que l’histoire, pour avancer, a besoin de ce fil, à la fois ténu et un peu pesant…
Mais c’est un film amusant, surprenant, assez tendre, qu’on ne regrette pas d’avoir vu…