Adieu l’ami

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Polar bizarre et atypique

J’ai revu Adieu l’ami hier soir et je demeure sidéré que ce film, qui a seulement quarante ans (1968), apparaisse beaucoup plus démodé que…je ne sais pas, moi… les Melville (Le samouraï, -1967), les Sautet (Les choses de la vie en 1970) ou, dans un tout autre style, les Rohmer (La collectionneuse – 1967 – , Ma nuit chez Maud – 1969 -).

Ce ne sont donc pas les pantalons pattes d’eph’, les rouflaquettes et les cravates larges qui démodent un film et le rendent quelquefois presque ridicule : c’est l’invraisemblance des caractères, la complexité chichiteuse de l’histoire, le jeu caricatural (parce que faux) des acteurs : autrement dit – et quel que soit le succès public immédiat de la production – ce sont des défauts intrinsèques, structurels et irrattrapables : le ver est largement dans le fruit dès l’écriture du scénario.

J’aurais naturellement tendance à mettre sur le dos de ma bête noire habituelle Sébastien Japrisot les travers ridicules du film de Jean Herman ; mais n’oublions pas que celui-ci – sous le nom de Jean Vautrin, comme il nous est rappelé opportunément, est également le scénariste de Rue barbare et de Canicule, c’est-à-dire deux des oeuvres les plus boursouflées qu’on ait jamais vues au cinéma (mais de temps en temps, comme ailleurs, la boursouflure, l’excès, la démesure aboutissent à l’art grotesque – au sens des décors extravagants inspirés de l’Antique que l’on trouve dans l’Italie renaissante – ce qui conduit à une sorte de beauté monstrueuse et bizarre).

Quoi qu’il en soit si les hommes – Delon, Bronson et Fresson – tirent plutôt bien leur épingle du jeu, tout en restant néanmoins terriblement conformes à leur propre image, delonisant, bronsonisant et fressonisant – les femmes sont épouvantables ; on ne garde pas grand souvenir de la belle panthère Olga Georges-Picot, sans doute à raison, mais la délicieuse Brigitte Fossey a tout de même montré ici et là qu’elle pouvait être une actrice et non pas une gourde exaspérante !

Enfin ! C’est mal foutu, inutilement compliqué, avec des pistes qui se perdent dans les sables (qu’est-ce que c’est que cette camarilla de richards sadiques devant qui Bronson exhibe une de ses conquêtes ?), historiquement irréaliste (le débarquement des paras – aux cheveux bien trop longs, soit dit en passant :Il y avait encore alors une Armée française, Monsieur !!), tartignole et grand-guignolesque (le massacre final des deux femmes)…

Reste, outre le mythe, la superbe musique de François de Roubaix ; mais celui-là n’a jamais raté grand chose…

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