Astérix et Obélix, mission Cléopâtre

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Tous dopés !

Comment mettre une note à un film qui n’est pas un film, ou plutôt à un film qui n’est pas du cinéma ? Mais comment ne pas mettre une note à une production qui a été vue – dans des salles de cinéma – par plus de 14 millions de personnes, en France et qui semble avoir été très appréciée, puisqu’à l’occasion de la sortie d’Astérix aux Jeux Olympiques, la critique a pu déplorer que les nouvelles aventures des deux Gaulois n’aient pas été du même niveau que celles relatées par Alain Chabat ?

J’ai paresseusement regardé ça hier soir, qui était je ne sais pourquoi dans ma DVDthèque (ou plutôt si : un cadeau fait à mon fils, jadis) ; bon ; ça aura au moins étanché une curiosité qui n’était pourtant pas très aiguë…

C’est honnêtement tourné, il y a de jolis paysages, de belles lumières, Monica Bellucci est belle comme tout et très élégamment déshabillée, Christian Clavier et Gérard Depardieu sont atterrants, je ne supporte pas l’hystérie verbale de Jamel Debbouze, Edouard Baer et Claude Rich ont beaucoup d’esprit et de finesse…

Tout cela ne fait pas un film, mais fait un spectacle, souvent jonché de mots ou de situations drôles, à la mode Canal +, comme on l’a  fait remarquer à juste titre ;  je reconnais volontiers avoir éclaté de rire lors de l’arrivée de la troupe en vue de l’Égypte, lorsque Numérobis (Jamel Debbouze] présente La lumière du phare d’Alexandrie et qu’Astérix répond Fait naufrager les papillons de ma jeunesse !. Il y a plusieurs clins d’œil ainsi, plutôt rigolos ; mais combien de temps leur vis comica subsistera-t-elle, lorsque plus aucun sous-entendu ne pourra être compris, hormis par les vieillards qui auront entendu chanter Claude François ?

C’est d’ailleurs déjà le cas des albums des deux compères, truffés par René Goscinny d’ ellipses et d’allusions dont une bonne partie n’est déjà plus perceptible par qui lit aujourd’hui les premiers opus de la (trop) longue série… Il faut donc prendre tout cela pour un divertissement point toujours désagréable mais rigoureusement privé d’intérêt ; comme la chaîne cryptée, c’est une culture de l’éphémère et de l’immédiat, qui ne va pas casser trois pattes à un canard, mais qui remplit les tirelires des producteurs.

Je ne serais pas fidèle à moi-même et à mon soulagement d’être Romain – Ordre et Progrès – et non Gaulois – Archaïsme et Bordel – si je ne dénonçais une fois de plus l’utilisation de la prétendue potion magique par le Nabot et l’Obèse ; dans le Tour de France, on disqualifie les coureurs, désormais, pour beaucoup moins que ça, n’est-ce pas, Floyd Landis ?

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