Folle complainte
Film mineur,mais film plein de charme, un de ces films après quoi on se sent – quelques minutes hélas seulement ! – doté d’une forme d’empathie générale, après quoi on a envie de sourire à des inconnus dans la rue, pour tout et pour rien, parce qu’on a redécouvert que l’on est avec eux sur la même barque humaine, porteur des mêmes histoires tristes et gaies, empêtrés des mêmes soucis, comptables des mêmes joies…
Film de charme devant quoi, en famille, un soir, sans jamais en avoir jamais entendu parler, nous sommes restés comme enchantés (au sens où un magicien bienveillant nous aurait fait entrer dans une bulle de tendresse). Tissu d’histoires quotidiennes, toutes petites et toutes pleines d’importance pour qui les vit…
Il y a des maladresses de construction ? Oui, sans doute, mais un peu comme les photos que l’on regarde dans une réunion de famille : le cadrage a beau être raté, et la cousine Ernestine a beau tordre le nez, on sourit sans beaucoup d’esprit critique sur la qualité intrinsèque du cliché, parce que ça n’a pas à vrai dire beaucoup d’importance, que c’est « hors champ »…
Et puis quelques moments savoureux ! Je défie quiconque de résister à la force comique du dialogue entre le cuisinier, Hippolyte (Michel Aumont), et le convive linguiste (Féodor Atkine, bien loin de son personnage de Pauline à la plage) et de ce qui s’ensuit.
Et pour choral qu’il est, le film trouve quelque chose de plus choral encore : l’extraordinaire, remarquable musique de Jean-Claude Nachon, qui est davantage qu’une réussite, une sorte d’accompagnement obligé, exceptionnelle de qualité…
Je ne crois pas que ça ait eu beaucoup de succès ; le DVD n’en a que plus de mérite d’exister…