Scénario chichiteux et d’une complication à la limite de l’incompréhensibilité, musique omniprésente insupportable, acteurs indifférents et inconnus. Une de mes plus grandes déceptions pour un film de Brian De Palma dont j’apprécie avant tout Carrie au bal du diable et Scarface, mais aussi Sœurs de sang ou Pulsions ; cela étant, il y a aussi beaucoup de ratages complets, comme le surévalué pour esprits décérébrés Phantom of the Paradise, Mission impossible ou l’épouvantable Dahlia noir.Réalisateur de grande notoriété, doué pour instiller dans ses films un climat malsain et des pulsions abominables, mais qui ne tient pas toujours ses promesses et part dans tous les sens.
Le scénario de Body double est farfelu et foutraque, nourri, bourré, archiplein d’invraisemblances, de quiproquos, de coups de théâtre improbables, de coups du sort, de scènes horrifiques qui ne s’imposaient pas (dans ce film) : ne fait pas Cannibal holocaust qui veut, de scènes un peu dénudées qui n’ont rien de bien sensuel ni de bien excitant. On a l’impression que De Palma s’est laissé aller à écrire une intrigue délirante à base d’histoire policière compliquée et s’est obstiné à vouloir tourner un film sans efficacité ni agrément.l paraît que le réalisateur s’est appuyé sur le très médiocre et ennuyeux Fenêtre sur cour du faiseur mémorable Alfred Hitchcock ; ah oui ! quelle innovation, quelle modernité que celle du mec qui, du haut de son appartement, zieute avec des jumelles adaptées chez ses voisins ! Ah, quelle affaire ! Tous ceux qui ont deux sous de jugeote et de goût pour la singularité savent bien que l’autre est un être étrange et que, si on scrute ses comportements, ses actions, ses agissements, sa manière d’être, on va, aidé par sa propre imagination, folle du logis, élaborer des tas de fantasmagories fallacieuses.
C’est à peu près ce qui survient, dans le pauvre cerveau de Jake Scully (Craig Wasson), acteur minable de productions de sixième rang, d’autant plus doté d’un sérieux problème de claustrophobie. Un rien du tout qui, comme des milliers d’autres, erre dans le paradis vénéneux d’Hollywood en espérant gagner le gros lot à la loterie du succès. Tout le film est consacré à ce qu’il va vivre, éprouver, ressentir, être manipulé parce que, pour un type, Sam Bouchard qu’on peut aussi appeler Alexander Revelle (Gregg Henry), il est le crétin idéal, le brave type sans arrière-pensées, qui va s’enfoncer dans toutes les chausse-trapes qu’on lui aura tendues.
Il y a peu, en regardant La chasse de William Friedkin, qui est d’un bien meilleur niveau, je me stupéfiais de m’être plongé dans les miasmes de l’homosexualité sadomasochiste ; voilà qu’avec De Palma, je suis allé visiter la production et le tournage des films porno hollywoodiens, la brutalité des castings, la définition précise de ce que les actrices refusent absolument de présenter à l’écran, les règles singulières qui président à ce genre de productions. Ma foi ! Tout cela fait partie de la réalité. Et c’est peut-être la meilleure et seule qualité de Body double d’être un film sur le miroir aux alouettes qui concentre à Los Angeles de braves oiseaux perdus qui imaginent tous qu’ils vont faire carrière, alors qu’ils tirent tous la langue devant l’arrogance de leurs agents.
Plus le film va, plus il se dirige vers du n’importe quoi : ce qui pouvait être, à la limite, admis comme un thriller à charge érotique, devient une bande dessinée en images réelles ; ce qui culmine dans la scène éminemment ridicule où le héros Jake Scully (Craig Wasson) et la demi-héroïne Holly Body (Mélanie Griffith), vedette du porno, sont à deux doigts d’être enterrés vivants par le méchant Sam Bouchard (Gregg Henry) qui, lui-même, était le mari de la richissime Gloria Rebelle (Deborah Shelton). Vous n’avez rien compris, vous qui n’avez pas vu le film ? Comme je vous comprends !!De jolis seins, de jolies fesses : est-ce que ça suffit, aujourd’hui, à satisfaire l’amateur ?