Bullitt

Un mythe !

Je pourrais reprendre presque mot pour mot la plupart des opinions de la longue file qui s’établit sur ce film mythique, que je n’avais jamais vu jusqu’alors, parce que rien ne m’y incitait  du fait de sa provenance étasunienne et de son thème policier, choses qui ne m’attirent pas spontanément.

Comme souvent, dans ce genre de films, je suis un peu réservé par la complexité de l’intrigue (qui m’a obligé à faire de nombreux retours en arrière : le DVD est irremplaçable ! au cinéma, je n’aurais sans doute rien compris !), mais j’admets bien volontiers que son caractère elliptique est assez fascinant : Peter Yates n’appuie pas forcément sur le détail, et laisse même assez souvent l’action dans un flou plutôt bienvenu, grâce à un montage percutant et virtuose.

Dans ce fameux San Francisco que je croyais plus photogénique que ça, et qui m’a donné l’impression d’être un gros village doté de montagnes russes, comme à la fête foraine, la course de voitures fait encore son effet, malgré certains trucs un peu naïfs (je crois que Yates a réutilisé certains plans et il me semble qu’il y a un Volkswagen coccinelle verte que les poursuivants croisent au moins trois fois) ; en revanche, j’ai beaucoup aimé la scène finale dans l’aéroport, surtout lorsque, dans le hall bondé, Bullitt cherche Ross, dans la foule pressée…

Mais il est vrai que Bullitt vaut surtout par le jeu extraordinairement spontané de Steve McQueen, dont je ne gardais que le souvenir du Josh Randall de la série Au nom de la loi suite, il me semble de westerns fauchés et sans grande idée ; comme je ne me souviens plus de lui dans Les sept mercenaires et que je n’ai jamais vu ni La Grande évasion, ni Le kid de Cincinnati, Bullitt m’a été une révélation… McQueen a, par exemple, un geste d’un charme et d’un naturel fous lorsque, à l’hôpital où Ross (enfin… Renick !) se meurt, il prend son plateau-repas des mains d’une infirmière… Écrit ainsi, ça paraît très simple, mais c’est du grand art et sûrement davantage encore, un merveilleux don de comédien !

Un mot pour la musique de Lalo Schifrin, tellement représentative de l’époque (et notamment une séquence de flute, instrument qui me semble, depuis lors, avoir été bien oublié, malgré sa singularité) et un autre pour m’émerveiller des objets disparus, le chien en plastique qui hochait la tête sur la plage arrière des voitures (et les raffinés couplaient les yeux de l’animal avec leurs freins ! un délice !), la résistance électrique qu’on plongeait dans l’eau pour la chauffer, le dispositif mécanique qu’on actionnait pour ouvrir les portes éloignées, par un jeu de poulies et de filins, le télécopieur à cylindre chauffant qui ressemble à un mammouth…

Tout ça ne nous rajeunit pas….

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