Archive for the ‘Chroniques de films’ Category

Monsieur Klein

mercredi, novembre 22nd, 2023

Le jardin des bêtes sauvages.

Un film assez largement surestimé grâce à ses séquences finales qui sont absolument abominables et qui donnent, peut-être mieux que des images de violence extrême, l’idée de ce qui a pu saisir des gens de toute sorte entraînés malgré eux par un cataclysme.

Dans un stade qui pourrait évoquer le Vel d’Hiv de juillet 1942 mais qui est à l’air libre, voilà une sorte de flot immonde que les autorités poussent, comme ils le feraient d’ordures, vers une affreuse conclusion. Mais pour en arriver là, que de circonvolutions ! Et beaucoup d’entre elles ne se rattachent pas aux horreurs qui ont existé en France au milieu de la Guerre. (suite…)

Journal d’un curé de campagne

samedi, novembre 18th, 2023
Vu de trop haut.

Déjà, faut dire que le Journal d’un curé de campagne n’est pas un film d’aventures, ni de cancans, ni de grasses et putassières allusions. Parce qu’on y parlerait de prêtres. Rien à voir avec Clochemerle, avec Mon curé chez les riches, ni avec Don Camillo. Encore moins avec Mon curé chez les nudistes. Rien à voir. Rien du tout. Une aventure spirituelle tendue, difficile, austère, rogue qui demande qu’on ait de l’intérêt pour les misérables questions de la Grâce, de l’ouverture, de la Charité, de l’impuissance de donner à ceux qui vous entourent ce qu’on voudrait leur donner. Un film sur la solitude ; pire : sur la glaciation de la solitude et sur la capacité de désespérer. Voilà déjà qui n’est pas bien séduisant, n’est-ce pas ? Rien de distrayant, d’attirant, de facile, de réjouissant. Pas le moindre espace de tendresse ou de sourire.

Je vais craquer

lundi, novembre 13th, 2023

Qui est in ? Qui est out ?

Un film qui est presque aussi accablant et désespérant qu’une comédie italienne de la grande époque ; un film qui fait qu’on se moque, qu’on rie, qu’on ridiculise le personnage principal, Jérôme Ozendron (Christian Clavier), qui a toutes les raisons de l’être, moqué, ridiculisé, méprisé mais qu’on retrouve, frère humain, dans l’épouvantable situation de la vie. Un peu comme à la fin des Visiteurs lorsque Jacques-Henri Jacquart, le descendant de Jaquouille-la-fripouille, se retrouve expulsé de sa tranquillité moderne au 12ème siècle (peu de choses me glacent autant que cette course terrifiée de Jaquouille vers le donjon du seigneur, vers la vie affreuse qu’il va devoir vivre, homme de notre temps abandonné aux horreurs du haut Moyen-Âge).
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Crash

lundi, novembre 13th, 2023

De sperme et de sang.

Du temps (il y a déjà un demi-siècle, doux Jésus !), du temps où je lisais toute la littérature de science-fiction qui paraissait en France, j’avais déjà un peu de mal avec les romans de J.G. BallardLe monde engloutiSécheresseLa forêt de cristal ; plus tard I.G.H., ça me laissait un malaise désagréable, une trace malsaine. Et entretemps, il y avait eu Crash qui m’avait à la fois décontenancé et légèrement dégouté. J’aurais donc bien dû me dire que l’adaptation de cette histoire violente, glaçante, scandaleuse par David Cronenberg, qui n’est pas particulièrement réputé pour sa délicatesse et son bon goût, me dérangerait passablement. De fait, j’ai reçu la dose que je craignais bien devoir recevoir et je sors de la vision du film avec une aigre impression. (suite…)

Miracle à Cupertino

dimanche, novembre 12th, 2023

Sage rentrée dans le rang.

Edward Dmytryk a été membre du Parti communiste des États-Unis en 1944-1945. Comme la Commission des activités anti-américaines (c’est-à-dire la commission du bienveillant Joseph McCarthy) qui n’allait pas de mainmorte et le traquait, de ce point de vue-là, il n’a pas voulu entamer un grand chemin de difficulté et, comme Elia Kazan, s’est vite dépêché de livrer aux autorités les noms des canailles qui pouvaient conspirer contre la prééminence américaine. En d’autres termes, il a craché à la C.I.A. tous les noms de sympathisants de la gauche qu’il pouvait éructer. Ce n’est pas que ça me gêne vraiment, mais ça manque radicalement d’élégance, ne peut-on dire ? (suite…)

L’effet papillon

jeudi, novembre 9th, 2023

La guerre des mondes.

Il n’y a rien d’étonnant à ce que ce film ait connu plusieurs versions et que certaines séquences soient présentes ici, absentes là : après tout, n’est-ce pas normal pour un film dont le propos est d’essayer de montrer la multiplicité invraisemblable des existences et comment le battement d’ailes d’un papillon, c’est-à-dire une modification infinitésimale de la réalité suffit à donner d’extraordinaires bouleversements de l’histoire que nous connaissons ? Nous savons bien, intuitivement, qu’il n’est pas indifférent, dans nos propres vies, que, à un moment donné, nous prenions la rue qui tourne à droite, la rue qui tourne à gauche, la rue qui va tout droit et que le choix que nous faisons – ou l’absence de choix – peut nous faire rencontrer des aventures bizarres… ou pas d’aventures du tout. Ce qui influera ) sur la suite de notre existence. (suite…)

Les damnés

mercredi, novembre 8th, 2023

Ploum-ploum tralala.

Si Les damnés avaient porté pour titre Le crépuscule des dieux, comme l’ambitionnait le prétentieux Luchino Visconti, n’auraient-il pas été encore plus boursouflés qu’il ne le sont ? Car, au milieu d’images souvent intéressantes, malgré la musique grandiloquente et complétement ratée de Maurice Jarre, grâce au jeu plutôt réussi de bons comédiens de second rang, Ingrid ThulinDirk BogardeHelmut Berger, le film tranche plutôt positivement sur la lourde filmographie du réalisateur. Et ceci même s’il ne s’abstrait pas (mais serait-ce possible ?) sur les lourdes obsessions d’un homme sûrement enfoui dans les angoisses et les délices de sa personnalité. Être porteur d’un des plus beaux et des plus anciens noms de l’Europe civilisée, subir son homosexualité à une époque où cette disposition n’était qu’à peine admise, ressentir une fascination malsaine pour les engloutissements, les effondrements, les apocalypses, personnels et sociétaux, n’appelle évidemment pas l’esprit aux fariboles légères. (suite…)

Un vrai crime d’amour

jeudi, novembre 2nd, 2023

Film d’amour et d’anarchie.

Ce serait vraiment un film magnifique, du meilleur niveau du cinéma italien de la haute et merveilleuse époque, si le réalisateur n’avait pas chargé son film de lourds relents politiques et d’une fin abominablement mélodramatique. Écrivant cela, je ne dis pas que les catastrophiques conditions de travail dans les usines du Capital, qui martyrisent et tuent les travailleurs ne doivent pas être dénoncées avec férocité : on a sacrifié des millions de gens qui ont souffert jusqu’à la mort le mépris total qu’avaient des salopards indifférents pour des gens de leur nature ; je ne dis pas non plus que l’intensité accablante du mélodrame est dépourvue de toute qualité ; bien loin de là : il n’y aurait pas eu, sans cela, Les Misérables et tant d’autres chefs-d’œuvre. (suite…)

42ème rue

mardi, octobre 31st, 2023

Prélude à la gloire.

Quelle déception avec ce film présenté un peu partout comme ayant une place à part dans l’histoire du cinéma, parce qu’il a lancé la carrière de Busby Berkeley et inauguré ce genre rebattu de la préparation compliquée d’une revue musicale ! C’est vrai, ce genre de scénario a fait florès : Place au rythme de Busby Berkeley précisément en 1937, La reine de Broadway de Charles Vidor en 1944, Tous en scène de Vincente Minnelli en 1953… tant d’autres jusqu’à Que le spectacle commence de Bob Fosse en 1979… D’ailleurs, même en France il y a le délicieux Ah ! les belles bacchantes de Jean Loubignac en 1954. C’est dire ! (suite…)

Alfred le Grand, vainqueur des Vikings

dimanche, octobre 29th, 2023

Assez lent, plutôt lourd.

Attiré par l’euphonie et la signification du titre intégral, Alfred le Grand, vainqueur des Vikings, j’ai regardé sans déplaisir le film de Clive Donner tout en m’ennuyant un peu de la répétitivité des séquences et de l’absence de tout regard historique autre que superficiel, hollywoodien en d’autres termes. Il est pourtant certain que la vision jetée sur cette période de l’histoire européenne qui est en train de s’engluer un peu a le mérite de l’originalité. Il n’y avait guère eu, jusque-là, que les superbes Vikings de Richard Fleischer en 1958, avec Kirk Douglas et Tony Curtis qui avaient mis en scène ces invasions barbares survenant au moment d’un réchauffement climatique (déjà ! Nil novi sub sole !) et de la fin de la Renaissance carolingienne. (suite…)