À sa sortie, en 1960, le film a été interdit aux moins de 18 ans. Mes 13 ans de l’époque ne l’ont évidemment pas vu. Y serais-je parvenu, en aurais-je été choqué ? Je n’en suis pas certain : ce qui pouvait, à cette époque, me troubler c’était plutôt la nudité et, dans Les bonnes femmes il n’y en a pas du tout, à l’exception d’une brève séance de strip-tease ou la danseuse prend d’ailleurs soigneusement soin de dissimuler ses seins par ses bras. Mais je n’aurais pas fait trop attention au regard porté par Claude Chabrol sur la terrifiante médiocrité de tous ses personnages et principalement sur les quatre midinettes employées dans un magasin d’électro-ménager du boulevard Beaumarchais dont il dresse la chronique. Tous des cons et des minables, mais ce sont plutôt les filles qui ont la vedette. Voilà qui justifiait l’interdiction. (suite…)
Archive for the ‘Chroniques de films’ Category
Les bonnes femmes
dimanche, décembre 17th, 2023La pianiste
jeudi, décembre 14th, 2023Dans une cave noire et gluante.
Ah oui, Michael Haneke est sûrement aujourd’hui un des plus impressionnants réalisateurs du monde. De ce que j’ai vu de lui, il n’y a pas quoi que ce soit de médiocre. Il n’y a pas non plus quoi que ce soit d’apaisant, de tendre, de confortable. Un cinéaste tendu, fermé, bouclé qui envoie dans la figure de chacun la brutalité, la dureté, la cruauté, l’absurdité des destinées. Violence extrême des comportements, des existences, des personnages. Un monde qui ne tourne pas bien ; ou plutôt, peut-être, le monde tel qu’il est, dans son absence de sens, de générosité, d’ouverture. Dans un univers de haine obsessionnelle de soi, dans le ressentiment – presque fastidieux, pourrait-on dire – d’être venu au monde et d’affronter les méchancetés de la vie. (suite…)
En attendant Bojangles
lundi, décembre 11th, 20231 ? Pourquoi pas 0, plutôt et, si on le pouvait une note bien en dessous de 0… Le titre m’intriguait, le film était disponible sur la plate-forme de France Télévisions et d’énigmatiques propos d’amateurs me décontenançaient. Et puis 1 parce qu’il y a le charme évident (et la grande beauté plastique) de Virginie Efira et le talent réel de Romain Duris. Mais sinon ! Qu’est-ce que c’est que cet épouvantable caramel mou, dégueulis de chantilly, pleurnichard et imbécile ? Un film qui fait mine de commencer comme le nullissime Fanfan d’Alexandre Jardinqui, nous rappelle notre amie Wiki raconte l’histoire d’un type qui veut perpétuer avec elle (Fanfan – Sophie Marceau) – les griseries des préludes, le bonheur de ces instants où l’amour n’est encore qu’une promesse. (suite…)
Guet-apens
lundi, décembre 11th, 2023Il y a longtemps que je ne m’étais pas régalé devant un film ! Ce qui ne veut pas dire que j’ai trouvé sans défauts Guet-apens dont le scénario est emberlificoté, souvent absolument invraisemblable et qui repose presque exclusivement sur les épaules de Steve McQueen qui, il est vrai, sont de grandes et belles dimensions. Car Ali MacGraw est bien jolie, mais son jeu est plutôt diaphane : en tout cas, elle ne laisse pas grande trace dans l’imaginaire. Quant au reste des acteurs, s’il y a quelques trognes redoutables (Ben Johnson ou Al Lettieri) ils n’accrochent pas vraiment la lumière, ce qui est bien dommage pour les rôles de méchants. (suite…)
Le diable par la queue
vendredi, décembre 8th, 2023« Je suis amoureuse, mais je ne sais pas de qui… »
Le sorcier du ciel
lundi, décembre 4th, 2023À l’usage des patronages d’antan.
C’est vraiment très, très difficile de faire passer à l’écran ce que peut être la ‘’Sainteté’’ ; très difficile de montrer, même de loin, cette grâce incroyable, de la faire entrevoir. Je ne connais guère que Thérèse, le merveilleux film d’Alain Cavalier qui s’en approche. Aussi, comme on ne peut pas vraiment représenter la Sainteté, on tente de s’en approcher, à travers les vies de saints, qui sont plus anecdotiques. Certaines sont réussies, même davantage : Le chant de Bernadette d’Henry King (1943), Monsieur Vincent de Maurice Cloche (1947) ou Hiver 54; l’abbé Pierre de Denis Amar, Mais il y a aussi tant d’autres nullités comme Miracle à Cupertino d’Edward Dmytryk et tant d’autres sulpicionnaiseries. Le bon peuple demande généralement des gentillesses melliflues, rarement la dureté fouettante de la Foi. (suite…)
Testament
mercredi, novembre 29th, 2023Le Québécois Denys Arcand a posé d’emblée les bases, de façon très littéraire, très intelligente et même très intellectualisée : Le déclin de l’empire américain en 1986 et sa suite immédiate (si j’ose écrire) 18 ans plus tard, Les invasions barbares. On perçoit qu’on n’est pas dans l’exaltation heureuse, davantage dans ce que j’avais appelé la course à l’abîme qu’est la gangrène mentale du Monde occidental dans mon avis sur le deuxième film et son épuisement vital. Pourquoi pas, après tout ? Nous avons dirigé le monde pendant mille ans ; il est possible qu’il soit équitable de laisser la place à d’autres (et, dans cette optique,les trois dernières minutes de Testament, que je ne dévoilerai pas, ouvrent des pistes, qui se situent en 2042). (suite…)
Faubourg Montmartre
samedi, novembre 25th, 2023Les beaux mélos du temps jadis.
Raymond Bernard avait déjà atteint une assez belle notoriété (Le miracle des loups en 1924), lorsqu’il réalisa son premier film parlant avec Faubourg Montmartre en 1931. Sa carrière se développa ensuite avec amplitude : Les croix de bois en 1932, Tartarin de Tarascon en 1933, surtout Les Misérables en 1934 ; beaucoup prétendent que c’est là la meilleure adaptation du roman de Victor Hugo ; ce n’est pas du tout mon avis, d’ailleurs. Puis, assez curieusement, cette carrière s’infléchit et baisse de ton, sans qu’il y ait d’ailleurs un rapport avec la césure de la Guerre qui a modifié tant de destins. Mais Marthe Richard au service de la France en 1937, Un ami viendra ce soir en 1946 et surtout (surtout !) La belle de Cadix avec Luis Mariano en 1953 sont d’un niveau plutôt médiocre. (suite…)
Inception
vendredi, novembre 24th, 2023James Bond contre Sigmund Freud.
À la lecture de la très très longue page qui a été consacrée à Christopher Nolan sur Wikipédia, je me suis dit que je devrais sacrément apprécier le réalisateur. Je partage son goût prononcé pour les tentatives de Jorge luis Borges de changer la réalité littéraire, j’apprécie les gravures, les architectures déconcertantes, paradoxales de M. C. Escher, le cinéma labyrinthique et quelquefois opaque de Stanley Kubrick et de David Lynch… Tous artistes qui décontenancent, désarçonnent, déroutent même souvent. Je devrais apprécier Nolan ; je devrais peut-être en voir davantage. Je n’ai qu’un très mauvais souvenir – mais assez ancien – de Memento, j’ai trouvé sans aucun intérêt Le prestige, vu récemment ; j’ai apprécié Dunkerque,mais, si j’ai bien compris, c’est un peu un contre-exemple dans la filmographie du bonhomme. (suite…)
Monsieur Klein
mercredi, novembre 22nd, 2023Un film assez largement surestimé grâce à ses séquences finales qui sont absolument abominables et qui donnent, peut-être mieux que des images de violence extrême, l’idée de ce qui a pu saisir des gens de toute sorte entraînés malgré eux par un cataclysme.
Dans un stade qui pourrait évoquer le Vel d’Hiv de juillet 1942 mais qui est à l’air libre, voilà une sorte de flot immonde que les autorités poussent, comme ils le feraient d’ordures, vers une affreuse conclusion. Mais pour en arriver là, que de circonvolutions ! Et beaucoup d’entre elles ne se rattachent pas aux horreurs qui ont existé en France au milieu de la Guerre. (suite…)