Archive for the ‘Chroniques de films’ Category

Les amants du Pont Neuf

dimanche, juillet 2nd, 2023

Ne méritaient pas de survivre.

Le meilleur du Dvd que je viens de regarder est ce qu’on appelle la face 2, celle qui tente d’expliquer, à grands coups d’interventions des protagonistes principaux, comment le film a eu la grâce d’être présenté aux spectateurs. Mal conçu, mal écrit, mal imaginé, il a bénéficié toutefois de l’adulation ressentie par les professionnels de la profession (les mecs qui colonisent Fémis et Cinémathèque) parce que le réalisateur, Leos Carax avait déjà réalisé deux trucs embrouillés Boy Meets Girl (1984) et Mauvais sang en 1986, qui ne m’ont pas semblé, jadis, avoir de quoi les commenter positivement. Il y a des cinéastes qui sont empourprés d’emblée par l’adulation médiatique et la tendresse des médias du Camp du Bien. (suite…)

Réveil dans la terreur

jeudi, juin 29th, 2023

Carcéral.

Ah oui, c’est un film très agréablement dégueulasse, qui met mal à l’aise, qui insinue au fin fond de votre épine dorsale une médiocre petite coulée de boue. Un film qui vous gêne, vous exaspère, vous met mal à l’aise, ne vous laisse pas tout à fait intact. Mais – ne soyons tout de même pas emphatique – ne vous dérange pas autant que l’inatteignable Délivrance par exemple, C’est bien, c’est très bien même mais ça demeure filmé au niveau des oripeaux de notre pauvre humanité : sale pays, sales gens, sales situations, sales médiocrités mais à peu près similaire à tout ce que l’on voit dès que la caméra quitte les tendresses consensuelles à la TF1 pour aller voir un peu plus loin la réalité du monde.

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L’âge d’or

lundi, juin 26th, 2023

La vache sur le canapé.

Voilà ; on se replace en 1930. Les années folles s’achèvent et bientôt les remugles de la crise étasunienne vont empuantir la terre. Luis Buñuel, qui est avant tout un grand malin, a saisi avant beaucoup que le monde est clivé entre ceux qui ne se consolent pas de la disparition de la société d‘avant (1914) et ceux qui veulent passer à autre chose, fût-ce en concluant, en profanant, en méprisant tout ce qui avait donné un minimum d’équilibre à la société. En juin 1929, il a proposé au petit groupe qui se baptise ‘’surréaliste’’ un court métrage (21 minutes) très singulier, Un chien andalou qui met en scène les rêves de son complice Salvador Dali et les siens propres.

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Je l’aimais

samedi, juin 24th, 2023

Un bol de tapioca.

Il paraît que la romancière dont a été adapté le film, Anna Gavalda, jouit d’une certaine notoriété. Sans doute parmi les gens qui n’ouvrent de gros volumes qu’à la plage. Des gens qui ont lu cet auteur me disent que c’est toujours plein d’histoires d’amours plus ou moins larmoyantes et tragiques. Ce que tous les tâcherons du romanesque savent faire d’ailleurs : DellyPaul OhnetGuy des CarsBarbara Cartland, sans doute des milliers d’autres. Peu amateur du genre, je me lave les mains sur ces talents larmoyants qui, à l’usage du brave monde, mettent en scène des histoires amoureuses. Après tout, personne n’est vraiment capable d’écrire Belle du Seigneur, à part Albert Cohen.

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Le roman de Mildred Pierce

samedi, juin 24th, 2023

Les alligators dévorent leurs petits ; ils n’ont pas forcément tort.

C’est vraiment très bien et ça montre que des réalisateurs de second rang, comme Michael Curtiz, prolifiques et solides, pouvaient apporter au cinéma quand ils étaient établis sur un scénario bien étayé, émanant d’un bel écrivain, James Cain et aidés par des acteurs de qualité. En fait, au lieu d’acteur, on pourrait davantage écrire actrice tant Le roman de Mildred Pierce s’établit presque entièrement sur le magnifique talent de Joan Crawford qui emplit tout l’espace et règne absolument sur ce beau mélodrame.

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L’affaire Farewell

mardi, juin 20th, 2023

« Incertitude ô mes délices… »

Voici l’adaptation romancée – mais sérieusement faite – d’une histoire vraie, d’une entourloupe qui a contribué à faire éclater le système soviétique vermoulu, qui parvenait pourtant à terroriser tout le monde occidental. Une histoire d’une grande complexité. Le film de Christian Carion demande à être suivi avec une grande attention, comme tous ceux qui s’approchent avec réalisme des guerres de l’ombre, si déterminantes apparemment, pour l’avenir du Monde. Des coups tordus, des trahisons, des renversements de situations, des mystères vastes comme des continents, du billard à douze bandes. Et des mystères irrésolus encore aujourd’hui. (suite…)

Je m’abandonne à toi

mercredi, juin 14th, 2023

Au cœur de la vie.

Cheyenne Carron poursuit tranquillement son chemin, en rien surprise que le Centre national de la cinématographie lui refuse à chacune de ses réalisations le moindre kopeck d’aide ou d’avance. En rien surprise, mais un peu amère. Et pourtant jamais découragée. Après les tonitruantes déclarations de la gavée d’argent public Justine Triet au festival de Cannes, on a un peu parlé (sur CNews, en tout cas) de la situation de Cheyenne-Marie (puisque c’est ainsi qu’elle souhaite qu’on la nomme) et les chroniqueurs se sont effarés de cet ostracisme du Camp du Bien envers une réalisatrice qui commence pourtant d’avoir derrière elle un vrai chemin artistique intéressant. (suite…)

Les héros n’ont pas froid aux oreilles

lundi, juin 12th, 2023

L’épopée de l’Ami 8.

Je suis confondu devant les propos plutôt sympathiques tenus par des amateurs que j’estime sur un film qui m’est apparu d’une grande et absolue nullité, ennuyeux comme la pluie de décembre malgré son heureusement courte durée et interprétée par deux excellents acteurs qui n’étaient encore qu’à l’état d’ébauche. Je n’attendais évidemment pas grand chose d’un film diffusé sur C8 un dimanche soir, mais, bon enfant, je me disais qu’il y aurait toujours un petit bout de gras à puiser dans une de ces comédies des années 80, qui ont explosé à la suite des formidables spectacles du Splendid. (suite…)

Indigènes

dimanche, juin 11th, 2023

La mort aux trousses.

En glissant le DVD d’Indigènes dans mon lecteur, je m’attendais à regarder un violent plaidoyer antifrançais. Ceci en raison de la réalisation et de la distribution très typées du film, mais surtout de l’agressif haineux air du temps. Une dénonciation farouche de la façon dont la mère-patrie a utilisé, exploité, méprisé les troupes indigènes qui se sont battues pour elle lors de la Deuxième guerre mondiale (et durant la Première aussi, d’ailleurs). Il y a de cela, bien sûr, de la rancœur, de l’aigreur, du ressentiment et les cartons qui concluent le film rappellent cruellement l’inopportune et même scandaleuse politique de cristallisation des pensions des anciens combattants africains mettent le doigt là où ça fait mal. (suite…)

Dikkenek

vendredi, juin 9th, 2023

Ridicule.

J’ai souvent bien aimé les films un peu foldingues réalisés par des Belges : C’est arrivé près de chez vous – dans le genre sanglant sarcastique, mais aussi, plus tendres, mais aussi angoissés (Le vélo de Ghislain LambertLes convoyeurs attendent, voire Quand la mer monte). Qu’on s’en étonne ou non, nos voisins d’Outre-Quiévrain (comme écrivaient les journalistes sportifs quand il y avait encore de vrais journalistes dans L’Équipe), nos voisins de Wallonie et de Flandre possèdent un méchant petit grain de folie qui fonctionne souvent bien. Grain éclatant dans a délicieuse série Strip tease de Jean Libon et Marco Lamensch. C’est vrai en littérature aussi, avec Jean Ray, par exemple : un mélange à doses variées et inégales de bouffonnerie, de grotesque et souvent de cruauté et de désespoir. (suite…)